La transition alimentaire et les grands groupes

Alimentation

La grande distribution et les magnats de l’agroalimentaire sont soumis au bon vouloir des consommateurs même si ces derniers n’en n’ont pas toujours conscience. Ce sont pourtant leurs attentes et leurs exigences qui ont incité les distributeurs et les fabricants à imaginer une alimentation plus saine, équilibrée et ce sans faire flamber les prix. Dans le cadre de la transition alimentaire, c’est toute une filière qui est mise au défi, des producteurs aux revendeurs.

Il y a encore quelques années, l’espoir de « mieux manger » était réservé aux vitrines des surfaces bios. Dorénavant, tout le monde y croit, tout le monde le veut et tout le monde y a droit. Le sujet s’est même imposé à l’échelle des institutions que ce soit à l’Assemblée Nationale ou dans les régions (référendum sur la question en Occitanie). Depuis quelques mois, toutes les grandes enseignes de la distribution se sont converties à une nouvelle chaîne alimentaire respectueuse des consommateurs et de l’environnement.

Arnaud Gauffier, responsable des sujets liés à l’agriculture et à l’alimentation au WWF France confirme cette nouvelle évolution du secteur : « Le mouvement de transition vers une alimentation plus durable a accéléré dernièrement ». Sophie Labbé du cabinet de conseil Utopies est également de cet avis. Elle affirme que « les enseignes ressentent de plus en plus souvent le besoin de prendre la parole sur leur raison d’être, leur rôle dans la société, afin de redonner du sens à leur action ».

L’un des premiers « grands » hexagonales à s’engager, Carrefour a lancé un programme à l’échelle mondial appelé « Act for Food ». Ce dernier est une idée d’Alexandre Bompard intégrée au plan stratégique du groupe courant jusqu’en 2022 et qui vise de nombreux objectifs allant de la mise en avant des productions bios locales à la réduction des pesticides chimiques chez ses fournisseurs. Quelques mois auparavant, Monoprix se lançait dans une « opération en faveur du « manger mieux » » intégrant « une signalétique dédiée en magasins et des offres promotionnelles » devant inciter la clientèle à acheter parmi « une large sélection de produits gourmands, de qualité et respectueux de l’environnement ».

Du côté des industriels, c’est Danone qui a marqué le plus de points en promettant de reverser de grandes sommes (plus de 5 millions d’euros) « à des projets favorisant la transition vers une agriculture régénératrice » (respect des animaux et des sols).

Malgré ces belles intentions pourtant suivies de gestes, beaucoup de consommateurs restent méfiants envers la grande distribution. Les récents et nombreux scandales alimentaires ont ébranlé le lien, fragile, entre les Français et les grands groupes. Beaucoup craignent que ces actions en faveur de la transition alimentaire ne soient qu’un « pink washing » mais que rien ne change vraiment de l’autre côté de la chaine de production. Clarisse Magnin consultante agriculture chez McKinsey est de cet avis et affirme : « L’ensemble des filières et des acteurs de l’agroalimentaire doivent encore progresser nettement pour répondre à ces attentes ».

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