Colombie Transdev mobilité de demain

En Colombie, Transdev teste la mobilité de demain

Mobilité

À Bogotá, Transdev se penche sur les perspectives de la mobilité à venir à travers une série d’expérimentations diverses, allant de l’utilisation du téléphérique aux essais de bus électriques et à hydrogène. Transdev joue un rôle dans la gestion d’une partie de la flotte de bus express de Bogotá, qui transporte chaque jour 2,5 millions de passagers sur des voies spécialement dédiées. Le groupe français met en œuvre plusieurs initiatives dans le but d’atténuer les problèmes de congestion routière qui impactent la capitale et d’améliorer l’accessibilité des quartiers défavorisés. Des bus de 27 mètres de long parcourent rapidement les principales artères de Bogotá, en Colombie.

Situé à Ciudad Bolivar, un quartier adossé aux flancs de la cordillère des Andes, ce secteur est principalement constitué de favelas construites avec des briques et des parpaings colorés. Le célèbre téléphérique de la capitale colombienne, réalisé par la société autrichienne Doppelmayr, est temporairement hors service depuis dix jours en raison d’une maintenance prévue tous les quatre ans. Cette suspension impacte particulièrement des habitants comme Sandra, rencontrée à la gare Manitas, qui attend avec impatience la reprise du service. Elle partage : « Mon mari travaille à l’autre bout de Bogotá. Grâce au téléphérique, il économise une heure à chaque trajet. Les embouteillages interminables font désormais partie du passé. »

Inauguré au début de l’année 2019 après une période de construction d’environ trois ans et un investissement de 63 millions d’euros, ce système de téléphérique est opéré par Cable Móvil, une coentreprise détenue à parts égales par l’entreprise colombienne Fanalca et le groupe français Transdev. Malgré la pause actuelle, plus de 25 000 personnes utilisent quotidiennement les 163 cabines du téléphérique. Conçu pour améliorer l’accessibilité des quartiers défavorisés, le téléphérique a également contribué à l’instauration de nouvelles politiques culturelles et sociales. Il a notamment facilité l’accès à l’eau potable dans certaines parties des bidonvilles, même si de nombreux défis subsistent. Transdev se félicite par ailleurs du fait qu’aucun acte de vandalisme n’a été recensé, un niveau de respect qui susciterait l’admiration des autorités en charge des transports en France. Tandis qu’un trajet en bus demande environ 1h30, le téléphérique relie les stations de Tunal à Mirador del Paraiso en seulement 13 minutes, couvrant une distance de 3,5 km.

Des voies pour contourner les bouchons

Le succès du téléphérique suscite un intérêt croissant pour d’autres solutions de transport à Bogotá. Avec une population de 8 millions de résidents (11 millions dans la métropole), le bus express demeure le moyen de déplacement privilégié. Connu sous le nom de BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) en français ou BRT (Bus Rapid Transit) en anglais, ce système a été lancé en 2000 par la municipalité afin de simplifier les déplacements dans la capitale. Il comprend un réseau de voies exclusives totalisant 114 km (qui sera étendu à 130 km dans les années à venir), comportant 147 stations et exploitant 2 358 bus parmi les 11 000 en circulation dans la ville. Opérant sous le nom de TransMilenio, ces autobus transportent environ 2,5 millions de passagers chaque jour, à une vitesse moyenne de 26 km/h.

Les stations, conçues pour accueillir des bus articulés, sont également desservies par des bus ordinaires en complément du réseau principal. Monter à bord de l’un de ces imposants véhicules rouges demande une prise ferme sur la barre. À grande vitesse, le confort du modèle B11 peut varier, et il peut dépasser les stations bondées de voyageurs en attente sans marquer d’arrêt. Plus tard, à quelques kilomètres des quartiers nord, la vitesse diminue, et c’est là que nous choisissons de descendre. Une jeune femme partage son avis : « Ces bus permettent de se rendre au travail plus rapidement qu’en voiture, même si une vitesse excessive n’est pas souhaitable. » Le prix du billet s’élève à 3 000 pesos, équivalant à environ 69 centimes d’euros selon le taux de change actuel. Les stations du réseau TransMilenio sont fréquemment prises d’assaut par les voyageurs.

Des BHNS servant d’inspiration à la région Île-de-France

En périphérie de la ville, dans le district de Laguna, se trouve la plateforme logistique des bus TransMilenio, gérée en collaboration par Transdev et Fanalca. Cette entreprise commune supervise une flotte de 300 bus articulés (d’une longueur de 18 mètres pouvant accueillir 150 passagers) et de bus bi-articulés (longs de 27 mètres avec une capacité de 250 passagers), reconnus comme les plus grands au monde. Ces systèmes de transport en commun à haut niveau de service (BHNS) fonctionnent avec une proportion de 12 % de biocarburant, utilisée dans des véhicules de norme Euro V équipés de filtres à particules. Un peu plus loin, un ouvrier est en train de repeindre la carrosserie d’un bus endommagé. Dans l’ensemble, Transdev et Fanalca exploitent une flotte de 1 065 bus, dont plus de 600 sont des bus BHNS (via leurs entités Bogotá Móvil et Connexion Móvil), et 406 sont des bus électriques (Green Móvil). Cette opération emploie 3 500 personnes et génère un chiffre d’affaires de 125 millions d’euros. Ils transportent au total 280 millions de passagers chaque année. Les 406 bus électriques exploités par Transdev et Fanalca constituent la plus grande flotte en dehors de la Chine.

Lors du Forum sur la Mobilité Urbaine en Amérique Latine, qui s’est tenu dans la capitale du 26 au 28 juin, Thierry Mallet, le PDG de Transdev, a réitéré son enthousiasme pour les systèmes BHNS, qu’il estime capables de remplacer certains trains régionaux sous-utilisés en France. « Le succès des systèmes BHNS à Bogota, qui possède le réseau le plus vaste au monde, est sous-estimé en France, » a déclaré le dirigeant. « Transporter cinquante personnes dans un bus, au lieu de conduire des voitures individuelles, entraîne une réduction de 90 % des émissions de CO2, et cette proportion monte à 95 % lorsque le bus est électrique. »

De son côté, François Durovray, président du Conseil Départemental de l’Essonne, s’est exclamé : « Je vais m’inspirer des solutions de Bogota pour les mettre en place dans la région Île-de-France. » Il a récemment soumis un rapport recommandant l’utilisation de bus express à Île-de-France Mobilités (IDFM) pour améliorer les services de transport dans les communes de la grande couronne parisienne. Les premières lignes pourraient être opérationnelles d’ici septembre 2024, bien que des ajustements aux terminaux de bus soient nécessaires avant cela.

Le tout premier bus à hydrogène du continent sud-américain

Deux jours avant le début du forum, au cœur du dépôt de bus électriques le plus vaste au monde, situé dans le district de Fontibon, Green Móvil a dévoilé le tout premier bus à hydrogène mis en service en Amérique du Sud. Ce projet lié à l’hydrogène s’intègre dans la stratégie nationale de décarbonation. Ce bus pilote, équipé d’une pile à combustible Toyota, possède une autonomie allant de 350 à 400 km et peut se ravitailler en seulement 10 à 15 minutes. La construction du dépôt, qui s’étend sur une superficie de 40 000 m2, a été réalisée en un temps record afin d’être opérationnelle en février 2022. « Nous avions seulement dix mois pour le réaliser. Nous l’avons accompli en utilisant des conteneurs, ce qui a permis une mise en place et un démontage aisés », explique Thierry Mallet.

Le tout premier bus à hydrogène d’Amérique du Sud a été officiellement inauguré. Une visite du site révèle une présence impressionnante de 381 bornes de recharge. Chaque chargeur Siemens supervise trois bornes. La capacité globale atteint 20 MW, provenant exclusivement de sources d’énergie renouvelable, principalement l’hydroélectricité. « Généralement, les bus électriques sont rechargés durant la nuit, et le rechargement en journée est une exception, car cela engendre des coûts nettement plus élevés », précise Victor Cordoba, directeur général de Green Móvil. Le montant total des investissements consentis par les deux partenaires s’élève à 150 millions de dollars, tandis que le contrat pour l’exploitation et la maintenance s’étend à 45 millions d’euros par an sur une période de quinze ans. Le groupe français envisage déjà de se développer dans les pays voisins. « Nous sommes familiers avec le cadre juridique du Chili, nous envisageons donc cette direction sans hésitation », affirme le PDG de Transdev. En revanche, le Mexique est perçu comme un environnement présentant des risques trop élevés.

En attendant, Transdev continue d’aspirer à participer au projet futur de métro à Bogotá. La capitale prévoit la mise en place de deux lignes d’ici 2035 et espère lancer rapidement les travaux de la première, projet en gestation depuis 1942. Bien que le consortium chinois en charge de la construction ait accumulé du retard, le métro devrait être opérationnel au plus tard en 2028. Lorsqu’il se portera candidat pour l’appel d’offres concernant l’exploitation, Transdev pourra mettre en avant divers succès notables. Le groupe avait remporté l’appel d’offres à Quito, en Équateur, et assure actuellement l’assistance technique pour la future ligne 6 du métro de São Paulo, au Brésil. Tous ces modes de transport électrique contribueront à atténuer les embouteillages de la ville et à concrétiser l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050, étant donné que près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la capitale colombienne proviennent du secteur des transports. À Bogotá, la congestion routière se classe parmi les plus sévères à l’échelle mondiale.

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