L’intelligence artificielle (IA) est dans la ligne de mire des législateurs européens, qui souhaitent lui imposer des règles afin d’en réduire les risques. Inquiètes, des entreprises du numérique françaises et allemandes plaident pour l’adoption d’une réglementation souple pour garantir la compétitivité et le potentiel d’innovation de l’Europe.
Alors que l’intelligence artificielle (IA) promet d’être le futur terrain de bataille des puissances mondiales, l’Europe travaille à lui placer des cadres pour en réduire les risques (cyberattaques, désinformation, surveillance de masse, etc.). Depuis plusieurs mois, les législateurs européens discutent afin de parvenir à un accord final sur une réglementation. L’UE espère la conclusion d’un tel accord avant la fin de l’année, pour une application deux ans plus tard.
De la nécessité de ne pas freiner la compétitivité
Dans l’attente de ce texte, des entreprises du numérique françaises et allemandes publient une lettre ouverte, dans laquelle elles appellent à l’adoption d’une législation souple. C’est-à-dire d’une législation qui ne freine pas la compétitivité et le potentiel d’innovation de l’Europe. Ces sociétés sont réunies au sein de Bitkom et Numéum, deux associations représentant les intérêts de plus de 5 000 sociétés du secteur des nouvelles technologies dans les deux pays.
Il faut trouver la bonne approche
Dans leur lettre, elles estiment qu’il sera plus judicieux de ne réglementer l’application des systèmes à usage général que dans les scénarios à haut risque. Car l’IA générative est encore à un stade expérimental, qui ne permet pas d’avoir une vue complète de ses potentialités. Il ne faudrait donc pas lui mettre des règles spécifiques, indépendantes de ce contexte d’émergence. Bitkom et Numéum invitent les colégislateurs à trouver la bonne approche, ou plutôt le bon cadre. Cela permettra à l’Union européenne de tenir la concurrence mondiale, tout en assurant la sécurité de ses citoyens.
Tenir la concurrence face aux Américains et Chinois
Les entreprises françaises et allemandes craignent qu’un cadre européen trop strict ne bride les efforts des acteurs économiques de l’Union face aux groupes américains et chinois, dont les régulateurs se montrent plus conciliants. En maximisant les avantages et en minimisant les risques, notent-elles, l’Europe pourra avoir toutes ses chances dans la bataille future de l’IA. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen reconnait heureusement les enjeux de cette technologie.
OpenAI monte au créneau
Devant les Vingt-Sept, le mois dernier, elle a déclaré que l’IA présente de nombreux avantages. Selon elle, cette innovation va par exemple améliorer notre santé, augmenter la productivité et surtout aider à faire face aux nouveaux défis comme le réchauffement climatique. Aux Etats Unis aussi, les entreprises plaident pour une réglementation moins dure. Au premier rang, OpenAI, société à l’origine du fameux ChatGPT. Son PDG Sam Altman a affirmé devant le Congrès américain qu’« il vaut mieux légiférer de la bonne manière que de vouloir aller trop vite ».
Les entreprises intéressées mais peu l’utilisent
Partout dans le monde, l’IA suscite l’euphorie. Les entreprises y voient un moyen de doper leur productivité. Et elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser à cette technologie. En Allemagne, par exemple, une enquête de Bitkom montre que 62% des sociétés considèrent l’IA comme une opportunité, contre 55% il y a un an. Aussi, 21 % la perçoivent comme un risque, contre 28 % l’année dernière. Mais seules 8 % des organisations professionnelles déclarent l’utiliser. Et près d’un tiers (30 %) envisagent de le faire, après l’avoir bien cernée.