Afghanistan, des jeunes femmes.

Afghanistan, la nouvelle prison à ciel ouvert des femmes

Société Une

 

En Afghanistan, les talibans ne veulent plus des femmes intellectuelles. En effet, après les avoir exclues de la plupart des écoles secondaires, ils leur ont interdit l’accès à l’université, la semaine dernière. Une décision aussi barbare que honteux.

Mercredi 22 décembre, les jeunes femmes afghanes ont été repoussées aux portes des universités par les talibans, sans explication. Elles apprendront par la suite, au cours de la journée, que les autorités de Kaboul ont décidé de leur interdire l’accès à ces temples du savoir pour un motif saugrenu. Quel est-il ? Elles auraient enfreint le code vestimentaire malgré le hijab et le foulard islamique qu’elles portent.

Une interdiction défendue par la ministre de tutuelle

Cette explication farfelue a été donnée par une femme, la ministre de l’Éducation nationale, Neda Mohammed Nadim. Cette ministre pointe aussi le système de « co-éducation » dans lequel les hommes et les femmes partagent les mêmes espaces. Peut-être par conviction plus que par peur, les autres lieux d’enseignement, notamment les collèges religieux islamiques et les universités privées de plusieurs provinces, ont appliqué l’interdiction sans attendre une note de Kaboul. Ce qui laisse entrevoir la victoire des fondamentalistes sur les modérés dans ce pays en conflit depuis de nombreuses années. A la tête des radicaux se trouvent le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada. Celui-ci croit que l’éducation moderne – en particulier celle des femmes et des filles – n’a pas droit d’exister dans l’islam.

Retour au Moyen âge

La fermeture de l’université aux jeunes filles s’inscrit dans la logique des talibans d’effacer les femmes de l’espace publique. Ces extrémistes estiment que les femmes doivent se cantonner à leur rôle de « gérante » du foyer. Pour celles qui occupent déjà des postes, ils ont prévu de leur verser un salaire minimum pour qu’elles restent à la maison. Rien de surprenant quand on sait le régime islamiste a exclu les filles de la plupart des écoles secondaires, il y a quelques mois. Avant de les leurrer en les laissant passer les examens d’entrée à l’université.

Les talibans n’ont pas respecté leur parole

Les jeunes femmes afghanes le savaient sans doute puisque les talibans avaient déjà pris d’autres mesures liberticides à leur encontre. En effet, ils leur ont retiré le droit de voyager seule sans un moharam (un parent masculin). Et leur ont interdit d’entrer dans les parcs, les jardins, les salles de sport et les bains publics. Toutes ces actions montrent que les talibans n’ont pas tenu les promesses faites à la communauté internationale après leur prise de pouvoir en août 2021. Ils avaient assuré qu’ils se montreraient plus doux que lors de leur premier règne (1996-2001). Mais que vaut la parole d’un taliban ? Rien.

Timide réaction des grandes puissances

La communauté internationale l’apprend à ses dépens, elle qui crie à présent au scandale. Les Nations Unies se disent consternées par cette nouvelle interdiction. Elle supplie Kaboul d’« assurer l’égalité d’accès à l’éducation à tous les niveaux ». Plus fermes, les Etats Unis parlent d’une « décision barbare » qu’il faut rapidement suspendre.

En Afghanistan, face aux errements de la communauté internationale, les femmes et certains hommes tentent une résistance de l’intérieur. Mais elle est bien molle celle-là. Le pouvoir afghan n’hésite d’ailleurs pas à réprimer les manifestations et à emprisonner leurs instigateurs. Pratiquement abandonnées à leur sort, les femmes semblent désormais résolues à s’habituer à leur nouvelle prison à ciel ouvert.

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