Comment faire en sorte que le retour partiel au bureau des salariés ne soit pas perçu comme une régression ? C’est la question à laquelle tous les employeurs ont été amenés à répondre à l’approche de la rentrée, participant à s’interroger plus largement sur la notion de collectif en entreprise dans le cadre de l’après-crise.
Pour bon nombre de professionnels, la rentrée a été l’occasion de regagner le bureau, après des semaines voire des mois de travail à domicile. Depuis le 1er septembre, le télétravail n’est plus imposé par le gouvernement. Il revient ainsi aux entreprises de fixer, si elles le souhaitent, un nombre minimal de jours de télétravail par semaine. Ces dernières peuvent continuer à jouer le jeu du travail à distance ou demander à leurs salariés de revenir à 100% en présentiel.
Refonder les bases du collectif
Entre le tout télétravail et le tout présentiel, l’heure semble plutôt à l’hybridation. L’objectif : redynamiser les liens au sein des collectifs de travail tout en maintenant une certaine souplesse appréciée par les salariés. Refaire collectif est un des enjeux les plus stratégiques pour les entreprises à l’heure de l’après-crise, et ce a fortiori alors que la rentrée 2021 se déroule dans un contexte toujours incertain sur les plans sanitaire, économique et social. « L’entreprise-écosystème aura été l’amortisseur des premières secousses et la clé du rebond” estime Pacôme Lesage, Président de Sage France. Les entreprises qui avaient su avant la crise constituer un ensemble intelligent avec leurs partenaires critiques n’ont pu que s’en féliciter. »
Rien d’étonnant donc à ce que les organisations de travail mettent les bouchées doubles pour poser les nouveaux fondements du collectif, qui ne peut plus simplement reposer sur la proximité physique en entreprise. Pour Bruno Marzloff, sociologue et président de l’association La Fabrique des mobilités, c’est une évidence, un retour en arrière ne sera pas possible pour les entreprises. Et de déplorer que l’absence de contraintes gouvernementales ne conduisent certains patrons à pousser leurs salariés à revenir complètement en présentiel à l’issue de leur plein gré : “Ce phénomène est dommageable car, au-delà des différences qui sont liées à la nature même du travail et qui font que toutes les activités ne sont pas forcément activables à distance, les entreprises qui se refusent à intégrer cette nouvelle dynamique ne font que repousser quelque chose d’inéluctable. Elles reculent, reculent, mais il faudra bien qu’elles sautent à un moment ou un autre.” prévient-il.
Poser les jalons de l’organisation de travail de demain
Pour certaines, le pas est déjà bel et bien franchi, qui posent les premiers jalons de l’organisation de travail du futur, non sans mal, ainsi que le souligne Jean-François Ode, DRH chez Aviva France, interrogé par Le Monde : “On a su passer en télétravail du jour au lendemain sans trop de difficultés. Sortir de dix-huit mois de travail à distance s’avère bien plus complexe”. Angoisse des transports, crainte de croiser un collègue ou un supérieur, ou encore peur d’être contaminé par le Covid… le retour au bureau peut être source de stress pour certains salariés. Dans les cas les plus extrêmes, certains peuvent souffrir du “syndrome de la cabane”, qui fait référence à la difficulté à réintégrer l’environnement social dont on s’est soustrait durant un laps de temps prolongé.
C’est dans ce contexte particulier que les employeurs mettent en place des initiatives pour accueillir leurs équipes dans les meilleures conditions possibles. Comment redonner corps au lien social entre les salariés ? Des exercices de team building ou des séminaires peuvent être utiles, estime Sonia Levillain, consultante en management durable. Cette dernière plaide surtout pour un retour au bureau sous le signe de la concertation et de l’échange : “Recréer un collectif, c’est aussi réfléchir sur la façon de travailler ensemble, sur le mode de la discussion. Cela peut permettre aux salariés de retrouver l’envie de collaborer en présentiel.” Tout un programme qui devrait occuper la plupart des organisations durant les prochaines semaines, quelle que soit leur organisation : “À distance ou non, le travail est un pilier du vivre-ensemble et l’entreprise porte à cet égard une responsabilité forte pour maintenir la cohésion et l’envie.” rappelle Pacôme Lesage.