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Feux de forêt en Gironde : pompiers et forestiers se mobilisent

Environnement Société Une

Depuis un peu plus d’une semaine, des volontaires se pressent aux abords des brasiers qui sévissent autour du bassin d’Arcachon pour épauler les pompiers. Certains appartiennent à la filière bois-forêt et s’inquiètent de voir une forêt millénaire partir en fumée.

Les vastes feux qui ravagent des parcelles de forêts, depuis une semaine, en Gironde, après que deux incendies se sont déclenchés, mardi 12 juillet, à La Teste-de-Buch, à côté de la Dune du Pilat, et à Landiras, dans le sud du département, ont déjà brûlé plus de 20 000 hectares de forêts, selon la préfecture de Gironde, et ont conduit près de 40 000 personnes à l’évacuation.

L’accalmie constatée depuis le milieu de la semaine s’avère donc précaire. Et, ceci, malgré la présence de « plus de 2 000 sapeurs-pompiers » venus de toute la France, appuyés par « 8 Canadairs et 2 avions Dash », fait savoir la préfecture. Une mobilisation qui a vu, il y a quelques jours, l’incendie bifurquer et faire chemin inverse, tout en gagnant en intensité. 

Les pare-feux pour limiter les incendies

« L’axe de progression n’est pas linéaire et même souvent très changeant, explique Alexandre Jouassard, le porte-parole de la Sécurité civile. Si des moyens sont engagés sur le flanc droit d’un incendie de forêt et si le vent bascule soudain de 90 degrés pour partir plein ouest, par exemple, nos plans sont à revoir et il faut nous redéployer ». « La situation sur place est toujours extrêmement tendue », commentait de son côté, Eric Brocardi, le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, il y a quelques jours.

« Si l’inquiétude se lit sur les visages, elle se trace aussi sur l’ensemble des sapeurs-pompiers. Ils marquent la volonté de vouloir toujours agir malgré cette force de la nature qui joue contre nous », estime-t-il. Les « soldats du feu » sont effectivement à la merci de flammes pouvant atteindre les 100 mètres de haut, les incitant à faire preuve d’une certaine « humilité », selon M. Brocardi, qui regrette de ne pas avoir « beaucoup d’alliés, si ce n’est les citoyens et l’eau ».

Parmi ces derniers, des agriculteurs, des forestiers, des habitants, qui connaissent parfaitement la forêt, ou tout simplement, des amoureux de ces grandes étendues de pins maritimes, qui s’alarment de voir disparaître des hectares d’une végétation qui mettra plusieurs dizaines d’années à repousser, alors que sur le bassin d’Arcachon, le feu dévore une forêt millénaire, « extrêmement riche en biodiversité », renseigne Alexis Ducousso, ingénieur-chercheur à l’INRAE, qui rappelle à quel point les incendies sont une catastrophe écologique pour la planète.

Sur le pont depuis plusieurs jours, les travailleurs forestiers ont fait partie des plus prompts à réagir en ouvrant notamment des pare-feux et en créant des zones d’appui pour les pompiers. Pour mener à bien ces opérations techniques, des entreprises forestières ont été réquisitionnées pour agir sur le terrain. Des professionnels de la forêt ont ainsi récolté des arbres et broyé les rémanents et autres combustibles afin de préparer des emplacements tactiques, choisis par la DFCI (Défense des forêts contre l’incendie). Le but : protéger les points sensibles et limiter la propagation du feu. Certains entrepreneurs de travaux agricoles ont également arrosé, avec leurs grandes citernes de 20 000L, les bords des pistes afin de ralentir la progression des flammes.  

« Ce qui change à présent, c’est le dérèglement climatique »

« Ils ont bossé toute la nuit hier [samedi 16 juillet] pour créer ces zones de coupe-feu. Il s’agit en majorité d’entreprises de tout le secteur forestier qui déploient ici des hommes d’un grand savoir-faire qui connaissent parfaitement le milieu sur lequel ils travaillent toute l’année », rappelait Pierre Macé, le directeur de la DFCI de Gironde.

Le plus important, désormais, est de maîtriser l’ensemble des parcelles soumises aux déflagrations : « La priorité, estime en effet Jean-Michel Servant, le président de France Bois Forêt, c’est de reprendre le contrôle de la situation », avant de tirer les enseignements des ces « méga-feux ». Si « les incendies de forêt ont toujours existé – dans 9 cas sur 10, l’être humain en est à l’origine, que ce soit à cause d’un mégot, d’une étincelle ou d’un feu mal éteint –, ce qui change, à présent, c’est le dérèglement climatique », souligne-t-il.

La hausse des températures « bouleverse complètement la donne », et ces méga-feux sont appelés à se reproduire sur toutes les parties du territoire soumises à des phases de sécheresse et de canicule intenses. 

Dans ce contexte, l’entretien des forêts joue un rôle primordial car il permet de prévenir les incendies. « Je pense qu’il faut réhabiliter la gestion forestière », confiait le président de France Bois Forêt au micro d’Europe 1. Et cette réhabilitation doit s’accompagner d’autres leviers, parmi lesquels la formation, l’éducation, mais aussi les moyens et capacités d’intervention : « Il va falloir préfigurer et investir dans des moyens plus importants de façon à être capable de répondre plus rapidement et avec des échelles plus importantes ».

Pour le moment, cet été de tous les dangers oblige la vigilance et la mobilisation. Le temps du bilan lui, viendra plus tard.

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