En marche vers une armée européenne ?

Géopolitique

Ce week-end, en marge des commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale, le président Macron a déclaré « On ne protégera pas les Européens si on ne décide pas d’avoir une vraie armée européenne face à la Russie ». Le sujet est fortement polémique malgré de nombreux soutiens comme Angela Merkel.

Le président a tenu un discours surprenant et déstabilisateur pour de nombreux observateurs déclarant voir « des puissances autoritaires qui réémergent et se réarment aux confins de l’Europe ». Un message à peine déguiser pour la Russie. Actuellement, la seule réaction du Kremlin a été favorable à l’idée d’une armée européenne en rupture avec l’OTAN.

Lourde histoire oblige, la chancelière allemande est habituellement très discrète sur les questions de défense de l’Allemagne. Pourtant, devant les députés européens elle a choisi de soutenir ouvertement Emmanuel Macron déclarant : « Nous devons travailler à la vision, un jour, de parvenir à une vraie armée européenne ». Elle a appelé l’Europe à « prendre son destin en main » précisant que « Le temps où l’Europe pouvait s’en remettre à d’autres est passé » dans une allusion aux déclarations du président Trump sur l’implication financière de Washington dans l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord et à l’habituelle soutien militaire américain à la défense allemande depuis la fin de la dernière guerre mondiale.

Les annonces d’Emmanuel Macron n’ont pas été appréciées par Trump qui a qualifié « d’insultants » ces propos. Aujourd’hui dans une série de tweets, le président Trump a violemment réagi : « Emmanuel Macron a suggéré la création de leur propre armée pour protéger l’Europe contre les Etats-Unis, la Chine et la Russie. Mais c’était l’Allemagne dans la Première et la Deuxième Guerre mondiale », « ils commençaient à apprendre l’allemand à Paris avant que les États-Unis n’arrivent » ou encore « Payez pour l’OTAN ou non ».

Cependant, les propos du président français ont aussi gêné dans l’hexagone. Ainsi, même le fédéraliste Jean-Christophe Larde (UDI) déclare que la création de cette armée européenne est « impossible, car il manque deux prérequis » : « définir des objectifs de politique étrangère et des intérêts vitaux à protéger » d’une part et « un chef qui décide l’engagement des troupes » d’autre part. L’ancien chef d’état-major, le général de Villiers, a également exprimé ses réticences : « Si l’armée européenne consiste à juxtaposer des forces, à les fusionner et à en faire des unités de combat aux ordres d’un état-major hypothétique à Bruxelles, je vous dis : Impossible ! Et le rêve se transformera en cauchemar. Il ne faut pas tuer la belle idée européenne (…), mais il faut que cette Europe forte se construise sur les souverainetés des nations dans une souveraineté française, inter-étatique, à géométrie variable ».

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