Offensive de l’Iran sur Israël : le conflit peut-il s’étendre dans tout le Moyen-Orient ?

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Différents pays, y compris ceux qui critiquaient l’opération israélienne dans la bande de Gaza, ont affiché leur soutien à Tel-Aviv à la suite de l’attaque de l’Iran le week-end dernier.

Le scénario était craint depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. En réaction à une frappe israélienne sur un dépendance de son consulat en Syrie, il y a 15 jours, l’Iran a attaqué Israël dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Si cette attaque n’a pas fait de dégâts importants, cela reste tout de même une attaque. Ce serait même « une étape sans précédent dans une guerre régionale de plus en plus profonde et de plus en plus directe », indique Julien Barnes-Dacey, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du Conseil européen des relations étrangères.

Selon l’armée israélienne, l’Iran a lancé « un essaim de 200 drones tueurs, des missiles balistiques et des missiles de croisière, dont la large majorité a été interceptée ». La quasi-totalité des drones (99%) ont d’ailleurs été stoppés avant d’atteindre Israël, au-dessus de la Jordanie ou de la Syrie. Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian a affirmé avoir prévenu la Maison Blanche d’une opération « minime, limitée » 72 heures en avance.

Inéluctable riposte

Entre la relative « faiblesse » de l’attaque, sa large anticipation, et les condamnations occidentales, l’incident aurait pu en rester là. Mais si la majorité des drones iraniens ont été interceptés, une base militaire a été touchée, et une fillette de 7 ans a été placée en soins intensifs, d’après le porte-parole de l’armée israélienne Olivier Rafowicz.

Impossible dès lors pour Tel-Aviv de rester sans broncher. Téhéran a précisé que « l’affaire peut être considérée comme close » et se considère « vengée », appelant Israël à ne pas riposter et à ne pas favoriser l’escalade.

« C’est facile », a souligné Alona Fisher-Kamm, l’ambassadrice d’Israël en France, qui a fait, sur BFMTV, un parallèle avec l’attaque du 7 octobre. Également invité sur la chaîne, le spécialiste du Moyen-Orient Frédéric Encel avançait deux réactions possibles : une « attaque sur le sol iranien » ou encore « contre ses alliés du Hebzbollah ».

La seconde option a été privilégiée par Israël, qui a bombardé un bâtiment du parti pro-iranien dans l’est du Liban hier après-midi. Un conflit frontal avec l’Iran ne pourrait, par ailleurs, s’effectuer que par bombardement et aviation interposée, dans la mesure où il faut enjamber la Syrie ou la Jordanie et l’Irak.

Dans l’immédiat, il est donc difficile d’imaginer une réponse d’ampleur. Mais, selon Julien Barnes-Dacey, « la nature des attaques peut renforcer le sentiment israélien que Téhéran est en retrait, qu’il n’a ni la volonté ni la capacité de s’engager plus avant, et qu’il est temps de porter un grand coup à l’Iran ».

Israël obtient des alliés

Et Israël n’est pas le seul concerné. Les Etats-Unis ont affirmé avoir aidé à détruire « presque tous » les drones iraniens, et le premier ministre britannique Rishi Sunak a indiqué que l’aviation britannique avait elle-même neutralisé « plusieurs » drones. Concernant la France, une source militaire affirme que l’armée n’a agi que pour « l’autodéfense » de ses positions au Proche-Orient.

« Les attaques de l’Iran ont également rallié un nouveau soutien international à Israël, y compris de la part d’États arabes clés qui ont critiqué l’offensive de Gaza, mais qui ont néanmoins soutenu la réponse militaire israélienne aux attaques de drones », ajoute Frédéric Ancel. « La volonté manifeste de Téhéran d’éviter de se laisser entraîner dans un conflit direct ne contribue guère à renforcer sa posture de dissuasion », résume-t-il.

L’ampleur future du conflit dépendra donc des choix d’Israël. Les occidentaux doivent faire pression afin que l’Etat hébreu ne riposte pas davantage.

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