Planter un milliard d’arbres : la filière forêt-bois répond présente

Environnement Société

Alors que se déroulait ce weekend la huitième édition du salon « Euroforest », les acteurs de la filière forêt-bois se trouvent à la croisée des chemins, entre l’engagement de planter plus d’arbres, la question de la résilience de ces mêmes arbres face au changement climatique et l’épineuse problématique du manque de main d’œuvre.

Un milliard d’arbres plantés en France d’ici à 2032 : l’engagement a été formulé le 28 octobre dernier par Emmanuel Macron. « Un formidable chantier écologique et d’aménagement de notre territoire », d’après les propres mots du chef de l’État, cet engagement solennel s’inscrivant dans une réponse plurielle au double défi auquel font face les forêts françaises : reboiser, d’une part, les parcelles victimes d’incendies, à l’image du massif des Landes au cours de l’été 2022 ; et, plus largement et à plus long terme, adapter, d’autre part, l’ensemble des forêts françaises aux conséquences du réchauffement climatique.

 

« On ne part pas de zéro »

Si l’annonce présidentielle a été accueillie plutôt favorablement par les acteurs de la filière forêt-bois, ceux-ci ont tenu à rappeler qu’il y a un écart entre les engagements étatiques et la réalité du terrain. Premièrement, les forestiers, propriétaires de parcelles et autres producteurs d’arbres ont d’ores et déjà commencé la replantation : « on ne part pas de zéro », observe ainsi Gilles Bauchery, pépiniériste dans le Loir-et-Cher, selon qui les acteurs de la filière ont « planté soixante millions de plants en 2021 ». L’objectif fixé correspondrait donc à « trente à quarante millions de plants en plus par an », d’après le pépiniériste.

 

Plus fondamentalement, ce sont les conditions techniques d’une telle ambition qui interrogent les forestiers. Que signifie planter un milliard de nouveaux arbres quand près de quatre plantations sur dix (38 %) étaient, en 2022, d’ores et déjà en échec au niveau national, d’après les statistiques du Département de la santé des forêts ? Le réchauffement climatique impose de diversifier les essences plantées pour déterminer celles qui se montreront les plus résilientes face à de nouvelles conditions météorologiques marquées, notamment, par un déficit hydrique et la multiplication des épisodes de sécheresses. Si tout le monde semble d’accord pour « planter plus », encore faut-il donc s’accorder sur le « planter quoi ». 

 

Recruter, la condition sine qua non de la réussite du plan

« Planter plus », « planter quoi »… mais aussi et surtout : « planté par qui » ? Au-delà des questions techniques et botaniques que soulève un tel plan, celui-ci met aussi l’accent sur une problématique latente dans la profession depuis plusieurs années : le manque, criant, de bras. Employant près de 400 000 personnes en France, la filière fait en effet face à une pénurie structurelle de main d’œuvre, comme le résume Anne-Marie Bareau, la présidente du Centre national de la propriété forestière, « aujourd’hui l’enjeu repose sur les moyens matériels et humains dont nous allons avoir besoin pour exploiter, planter et entretenir ».

 

Invitant chacun à rester « humble » face aux nombreuses inconnues que fait planer le dérèglement du climat sur les forêts françaises, la patronne du CNPF estime cependant que le plan gouvernemental « est plus que bienvenu, pour le renouvellement de nos forêts, mais aussi parce que les bois est un matériau dont nous allons avoir besoin pour la transition énergétique » – notamment pour remplacer les énergies fossiles, fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES). « Ce n’est pas pour autant que la filière est restée les bras croisés », tient néanmoins à rappeler Anne-Marie Bareau, qui relève que « cela fait plusieurs décennies que les forestiers ont mis en place la gestion durable » des forêts.

 

Euroforest, le rendez-vous d’une filière à un tournant de son histoire

Quoi qu’il en soit, le plan présenté par Emmanuel Macron a mis un coup de projecteur sur une filière plus que jamais d’actualité – et d’avenir. C’est de cet avenir collectif dont il était précisément question dans les travées naturelles du salon Euroforest, qui se tenait les 22, 23 et 24 juin en pleine forêt de Saint-Bonnet-de-Joux, en Bourgogne-Franche-Comté. Pour sa huitième édition, le salon a réuni toute la profession autour de 400 exposants : l’occasion, pour les quelque 40 000 visiteurs attendus, d’échanger avec des acteurs de la filière qui ont trouvé, à Euroforest, un espace où échanger, coopérer et fédérer les énergies.

 

Alors que le futur des forêts françaises se joue dans les années à venir, « cette édition d’Euroforest [fut] plus que jamais un moment essentiel à la construction d’une vision commune de l’avenir de nos forêts, loin des clichés, des simplifications et des solutions toutes faites », d’après un communiqué des organisateurs de l’évènement : « en partageant l’expertise et surtout la passion de chacun des acteurs de la filière, le salon espère lancer un élan qui devrait cristalliser tous les efforts autour de cette filière dont le dynamisme bénéficie à toute la société ». Plus encore que des arbres, c’est donc une ambition, une vision et des vocations qu’il s’agit maintenant de planter et d’enraciner durablement dans les esprits.

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