Dix ans après la crise de 2008, de nouveaux éléments sont à prendre en compte pour comprendre la situation économique globale. Alors que les Chinois sont décidés à répondre coups pour coups aux attaques des U.S.A, le Brexit et l’évolution des taux d’intérêts américains sèment un début de vent de panique.
Maurice Obstfeld, le chef économiste du FMI a publié aujourd’hui son dernier Panorama économique mondial (il prend sa retraite à la fin de l’année). Le constat est très marqué par les inquiétudes grandissantes partout sur la planète. De l’Argentine à la France la croissance se ralentit voir se sclérose. Monsieur Obstfeld a mis en valeur « des incertitudes grandissantes » depuis Bali en Indonésie où se déroulent actuellement des réunions du FMI et de la Banque mondiale.
Pendant les années 2018-2019, la croissance planétaire du PIB devrait passer de 3.9% à 3.7%. Le rapport souligne que « La croissance s’est avérée moins équilibrée qu’on ne l’espérait. Non seulement certains des risques de dégradation que nous avions recensés se sont matérialisés, explique le rapport, mais de plus, la probabilité de nouveaux chocs sur notre prévision de croissance a augmenté ».
Maurice Obstfeld prévient, « il y a des nuages à l’horizon » et tous les jours « la probabilité augmente de voir se produire d’autres chocs négatifs ». Aux Etats-Unis, la croissance va se maintenir grâce aux mesurer fiscales de l’administration Trump mais « Nous avons révisé à la baisse notre prévision de croissance américaine pour 2019 en raison des droits de douane qui ont été imposés récemment sur une large gamme d’importations chinoises, ainsi que des mesures de rétorsion prises par la Chine » précise le rapport.
En Europe de l’Est, en Turquie, en Afrique du Nord (2% au lieu de 3.2%) et au Moyen-Orient (2% au lieu de 3.2%) elle va fortement baissée. Les pays dits en développement d’Europe après une année faste en 2017 (+6% de croissance) verront cette dernière baisser à 3.8% puis 2% en 2019. En Amérique latine la situation est compliquée. L’Argentine plonge à nouveau dans la récession (-2.6% de PIB) du fait de ses politiques d’austérité drastiques et le Venezuela souffre énormément des sanctions américaines (-18%).
Maurice Obstfeld avertit que «Les dirigeants doivent adopter une perspective à long terme face à ce malaise [la mauvaise répartition des richesses]. Il faudrait mettre en place « des politiques budgétaires inclusives, des investissements dans l’éducation et des mesures qui garantissent l’accès à des soins de santé adéquats » pour combattre et « réduire les inégalités ». Pour le FMI : « Il est plus important que jamais de veiller à ce que la croissance soit inclusive. Sinon, les approches centristes et multilatérales de la politique et de la politique publique deviendront de plus en plus vulnérables, et ce, au détriment de tous ».