Le phénomène du « no show » et la question de la déconnexion

Numérique Société

Un phénomène retient l’attention des médias depuis quelques mois : le no show. Cette pratique consistant à ne pas « se présenter » lors d’un évènement ou d’une réservation semble en effet devenir une réelle habitude de vie sociale. Une tendance qui peut être interprétée comme le signe d’une réaction de fuite face à un trop plein de sollicitations mais aussi comme le résultat d’une habitude numérique de « faire le fantôme ».

No-show : hôtels et restaurants sur la défensive

Les professionnels du secteur hôtelier et de la restauration sont unanimes : le « no-show » aurait presque doublé ces dernières années. Dans l’hôtellerie, les réservations par téléphone sans caution sont de plus en plus rares mais le secteur constate des absences sur des séjours de quelques nuits (première nuit réglée mais pas les autres). Face à ce qu’ils considèrent comme un fléau, certains établissements pratiquent le surbooking ou posent des conditions de réservation assez drastiques (toute arrivée après 18h00 non préalablement signalée est considérée comme une annulation par exemple).

Même constat chez les restaurateurs. Arnaud Laverdin, chef du restaurant La Bijouterie à Lyon, estime ainsi que le no-show représente environ entre 2 et 4 couverts chaque jour (pour un restaurant qui comporte 26 places assises)

Les professionnels du secteur estiment que le no-show amène un manque à gagner allant de 5% à 20 % sur l’année.

Pour contenir le phénomène, des prestataires proposent des solutions comme la création d’acomptes en ligne. Le célèbre site de mise en relation La Fourchette a même lancé un plan anti no-show (rappels SMS, annulation en un clic, création d’un indicateur de fiabilité du client).

Signe d’une ultra-sollicitation ou de la fin d’une certaine politesse ?

Pour magazine Stylist, qui accorde ce mois-ci un article au sujet, ce type de pratiques serait le résultat de l’ultra-connexion et de l’ultra-sollicitation qui l’accompagne. Sollicités de toutes parts, nous aurions tendance à nous engager plus facilement dans des activités, évènements, sorties que nous n’aurions plus le temps ou l’énergie d’effectuer en réalité. Sur Facebook, l’option « intéressé » (par un évènement) serait ainsi le symptôme d’une tendance à vouloir tout faire, tout voir, tout vivre (sans nécessairement en avoir réellement le temps).

En parallèle, le phénomène peut également s’expliquer par les habitudes sociales issues du numérique (anonymat, désincarnation, facilité de connexion/déconnexion…). Un phénomène générationnel a ainsi retenu l’attention des médias outre-atlantique : le « ghosting » (« faire le fantôme »), pratique consistant à ne pas répondre aux SMS (ou par extension à cesser une relation amoureuse en arrêtant soudainement de donner des nouvelles).

Le « no-show » serait donc le résultat de la conjonction d’une « société de l’attending » avec les habitudes d’une génération « ghosting » …

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