Ziad Khoury est préfet, spécialiste des questions de sécurité, dont il s’est occupé pour l’EURO 2016 de football, la coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques et paralympiques 2024. D’origine libanaise et naturalisé français, il nous livre aujourd’hui sa vision de l’intégration républicaine.
Par votre parcours personnel et professionnel, quelle vision avez-vous de l’intégration des immigrés en France ?
Ziad Khoury – Par mon parcours d’immigré ayant fui la guerre, naturalisé, puis devenu préfet de la République, la question de l’intégration est au cœur de mon engagement. Pour notre Nation, plus globalement, l’enjeu est décisif : celui de rester elle-même tout en regardant l’avenir. Or l’intégration y rencontre depuis de nombreuses années des difficultés, malgré les efforts et des réussites individuelles, pour différentes raisons liées à l’évolution de l’immigration légale, au niveau des flux irréguliers et à la fragilité de certains outils habituels d’intégration. Dans ce contexte, l’intégration comme l’assimilation sont devenus des mots valises, voire minés. Nous aurions besoin de cultiver une réaffirmation doctrinale en la matière.
Quelle serait cette réaffirmation ?
Ziad Khoury – Il s’agit de souligner inlassablement la nature simple du processus d’intégration, qui est une direction exigeante dans laquelle il appartient au migrant de faire la démonstration de son effort d’adaptation et d’appropriation des règles du pays d’accueil, et à l’État d’en créer les conditions et les obligations. Tout en s’attachant à maîtriser les flux migratoires, il serait alors possible d’évoquer une logique de cooptation, dans laquelle l’immigration se concilie avec nos besoins et capacités d’accueil, et l’immigré est mis en situation de devoir accomplir un parcours d’intégration au regard de notre Histoire, notre langue, notre culture et nos principes.
Certaines évolutions ne contrarient-elles pas cette logique ?
Ziad Khoury – Effectivement, il est important de toujours se détacher des risques du multiculturalisme, et plus encore du communautarisme, en mettant l’accent sur ce qui unit. Cette unité dans la pluralité doit conduire à une seule identité sur le socle d’un destin commun, même si chacun y apporte la diversité de son parcours et la singularité de ses strates. La diversité est une réalité, elle ne doit pas être une idéologie. Nous devons plutôt miser avec volontarisme sur la puissance de la Nation et l’égalité des chances, et penser à la France avant de penser à nous.
