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Le débroussaillement, au cœur de la prévention des feux de forêt

A suivre ! (partenariats) Environnement Société

Le Sénat vient d’adopter de nouvelles mesures pour protéger la forêt des incendies. Parmi elles, le renforcement des obligations légales de débroussaillage, qui s’appliquent à tous les propriétaires de terrains jouxtant une parcelle boisée. Pour sensibiliser les citoyens à cette pratique indispensable, le gouvernement vient quant à lui de lancer une vaste campagne de communication sur le sujet.

Alors que la « guerre de l’eau » fait, après les évènements de Sainte-Soline, la Une des médias français depuis plusieurs semaines, une autre offensive se prépare en coulisse : « la guerre du feu ». Le Sénat vient, en effet, d’adopter le 4 avril une proposition de loi dont l’objectif est de renforcer, à l’approche de la saison estivale, la prévention des feux de forêts. Adopté en première lecture à l’unanimité avant son passage à l’Assemblée nationale, le texte envoie, d’après la ministre des Collectivités territoriales Dominique Faure, un « signal fort (…) aux propriétaires forestiers, aux riverains des forêts, aux associations de protection de l’environnement, aux élus locaux et à tous ceux qui agissent avec engagement au quotidien dans la prévention et la lutte contre les incendies de forêt ».

Concrétisant les engagements d’Emmanuel Macron en faveur d’une « stratégie nouvelle » de lutte contre les incendies, la proposition de loi s’articule autour de plusieurs axes : mettre sur pieds une stratégie nationale et interministérielle ; mieux réguler les interfaces forêt-zones urbaines ; dynamiser la gestion forestière ; mieux aménager les massifs forestiers ; mobiliser le monde agricole ; sensibiliser les populations aux risques de départs de feu ; équiper les sapeurs-pompiers à la hauteur de leurs besoins ; et reconstituer, après l’incendie, des forêts plus résilientes. Il s’agit, toujours selon Dominique Faure, de « montrer que nous sommes capables, ensemble, d’avancer pour nous adapter au changement climatique ».

Vers un été 2023 encore plus sec que le précédent

Dans tous les esprits demeurent, bien sûr, les terribles incendies de l’été 2022, au terme desquels quelque 72 000 hectares étaient, principalement dans le sud-ouest et le sud-est de l’Hexagone, partis en fumée. Au niveau européen, l’année dernière a même été celle de tous les records, selon les chiffres du système européen d’information sur les feux de forêt (Effis) et du programme européen sur le changement climatique Copernicus : d’après les deux structures, les incendies de 2022 auraient ravagé plus de 785 000 hectares sur l’ensemble du Vieux continent, émettant 9 mégatonnes de CO2 dans l’atmosphère. La « durée et l’intensité des vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe pendant l’été, combinées aux conditions sèches générales sur le continent en 2022, ont contribué à ces niveaux record », soulignent les experts de Copernicus.

Malheureusement, le déficit de précipitations et les températures élevées de l’hiver 2022-2023 font craindre un été 2023 encore plus dévastateur que le précédent. Pour tenter de juguler la propagation des feux en forêts, la proposition de loi adoptée par le Sénat prévoit notamment de renforcer les obligations légales de débroussaillement : les sanctions pourraient être majorées en cas de non-respect, et la vente d’un terrain pourrait être conditionnée à ces mêmes obligations. Il s’agit là d’un « axe essentiel », pour le sénateur Olivier Rietmann, permettant de « limiter les départs de feux, d’en diminuer l’intensité, la propagation, et de rendre les habitations mieux défendables » contre les incendies.

Le gouvernement lance une vaste campagne de sensibilisation

En somme, gérer les forêts et débroussailler, c’est se protéger, protéger les autres et protéger l’environnement. Un message martelé par la filière bois-forêt depuis longtemps et qui, urgence climatique oblige, commence à s’imposer y compris au plus haut sommet de l’Etat. En prévision d’un été historiquement sec, le gouvernement vient en effet de lancer une grande campagne d’information sur le sujet. Diffusée dans la presse écrite, sur les réseaux sociaux et par voie postale auprès de trois millions de foyers français, l’initiative entend mettre l’accent sur les obligations légales de débroussaillement (OLD).

Insistant sur le fait que neuf feux de végétation sur dix ont pour cause une intervention humaine, le gouvernement rappelle aux propriétaires de terrains situés à moins de 200 mètres de bois ou forêts que « le débroussaillement de (leur) terrain et des abords de (leur) habitation est la meilleure des protections pour (eux), pour (leurs) biens et la nature environnante ». Concrètement, il s’agit de limiter la propagation des incendies en réduisant le volume des matières végétales aux abords des habitations, en élaguant les arbres et arbustes ou en éliminant les résidus de coupe. Contrôlé par le maire ou le préfet, le non-respect de cette OLD peut entraîner des astreintes journalières, des amendes administratives ou pénales et même, en cas d’incendie grave, une peine d’emprisonnement ou un rehaussement de la franchise de la part de l’assurance. Alors que la sécheresse hivernale malmène déjà la nature qui se réveille, débroussailler est donc un geste simple et, surtout, un geste qui peut sauver.

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