Collège : une ségrégation sociale dans les amitiés ?

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Malgré la mixité proclamée, il existe une ségrégation sociale dans les amitiés au collège. C’est ce qu’affirme une enquête menée au sein de quatre établissements. Les élèves issus de milieux bourgeois intègreraient à leurs « très bons amis » seulement 28 % des enfants d’employés et d’ouvriers.

Pratique très vulgarisée en France, la mixité sociale à l’école consiste en la coexistence des enfants de différentes classes sociales au sein d’un même établissement. Elle est perçue comme le meilleur moyen de réduire les inégalités scolaires et de favoriser chez les élèves une forme d’ouverture aux autres. Mais cette sorte d’intégration semble donner le flanc à des formes de ségrégation sociale dans les amitiés entre écoliers. En effet, l’on constate la persistance de l’homophilie sociale, c’est-à-dire de la propension des élèves à avoir des amis dont l’origine sociale se rapproche de la leur.

Le suivi d’une cohorte d’environ 850 élèves

Un récent article du journal Le Monde a déjà évoqué ce phénomène en parlant d’une « conscience de classe » chez les élèves. Celle-ci les pousse à choisir des amis issus des mêmes milieux qu’eux. Une enquête relayée par le média The Conversation, le 28 février, confirme cette thèse. Elle repose sur le suivi, pendant trois ans, d’une cohorte d’environ 850 élèves des classes de 6e et de 3e, au sein de quatre collèges caractérisés par un fort degré de mixité sociale. Il en ressort qu’il existe bien de l’homophilie sociale dans les écoles mixtes.

Les relations entre milieux sociaux différents possibles

Selon cette étude, les enfants de cadres intègrent à leurs « très bons amis » seulement 28 % des enfants d’employés et d’ouvriers. Pourtant, ce taux devrait s’élever à 35 % si les relations ne dépendaient pas de l’origine sociale. L’écart n’est néanmoins pas aussi grand qu’on l’attendait. Un signe que les relations entre milieux sociaux différents restent tout à fait possibles. Ce qui bn’empêche pas les élèves de moins se lier d’amitié avec un individu du sexe opposé. Ainsi, les garçons ne déclarent que 21 % de filles parmi leurs très bons amis, contre 50 % attendus si les relations étaient distribuées au hasard.

Des inimités existent au sein d’un même groupe

L’enquête suggère aussi que l’origine sociale n’a pas d’effet significatif sur les inimitiés entre élèves. En effet, les adolescents interrogés désignent davantage des écoliers qu’ils n’aiment pas dans leur milieu social que dans un autre. D’ailleurs, il y aurait plus de moqueurs dans leur propre catégorie sociale que dans une autre. En outre, les élèves des différents milieux sociaux ont à peu près le même nombre d’amis en moyenne. Seuls des enfants des classes supérieures d’un des quatre établissements sondés en ont plus.

Une amitié entre classes sociales prononcée hors de l’école

Par ailleurs, l’homophobie sociale devient plus marquée parmi les amis de collège qui se voient également en dehors de l’établissement. Surtout quand il habite le même quartier (chic par exemple). Ils peuvent se rencontrer à la faveur d’une invitation à la maison (si les parents se fréquentent), de sorties au parc, de courses de vélos sur le parking etc. Mais les écoles mixtes ne font pas autant de discrimination sociale entre élèves que les collèges les plus ségrégés. Dans ces établissements, il n’existe pratiquement pas de relations entre enfants de différents milieux sociaux.

1 thought on “Collège : une ségrégation sociale dans les amitiés ?

  1. L’endogamie sociale dans le mariage se porte toujours aussi bien ; on se marie le plus souvent avec un conjoint de même niveau de diplôme. Pourquoi donc les amitiés de l’enfance devrait être différentes ?

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