Les maladies chroniques sont sources de discrimination dans l’emploi. Une personne concernée sur six déclare en avoir déjà été victime. C’est le constat fait par un baromètre de la Défenseure des droits et de l’Organisation internationale du travail (OIT).
La Défenseure des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont publié jeudi 14 décembre leur baromètre annuel sur le monde du travail. Selon ce rapport, les maladies chroniques constituent une source de discrimination souvent méconnue dans l’emploi. Cette méconnaissance pousserait parfois au « déni collectif ».
Les maladies chroniques aggravent le risque de discrimination
Le baromètre relève qu’une personne sur six atteintes de maladie chronique a déjà été victime de discrimination dans l’emploi. Aussi, une majorité (55%) de personnes malades dit avoir vécu une situation de harcèlement moral, contre 35% pour le reste de la population active. En outre, les salariés ayant une maladie chronique visible sont trois fois plus exposés à ce risque.
Les salariés malades licenciés ou mis à l’écart
Cette discrimination dans le milieu professionnel s’exprime dans le travail au quotidien comme lors du retour d’un congé de maladie. Il arrive parfois que les employés concernés soient mis à l’écart pour un moment et même licenciés. Ainsi, un tiers des personnes atteintes de cancer perd son poste dans les deux ans suivant la déclaration de leur maladie.
Les maladies chroniques, source de tensions au sein de l’équipe
Ces salariés sont victimes des représentations sociales négatives liées à la maladie, souvent perçues comme incompatibles avec le travail. S’ils restent à leur poste, la situation n’est pas meilleure. En effet, leur présence peut rapidement générer des tensions au sein de l’équipe, notamment à cause du report de charge de travail sur d’autres collègues.
De rares aménagements de poste pour les malades
Par ailleurs, note la Défenseure des droits, les postes de travail ne sont généralement pas aménagés comme ils le devraient. Seulement 19 % des salariés atteints d’une maladie chronique bénéficient d’un aménagement de leur poste. Pis, 29 % n’en bénéficient pas, alors qu’ils en ont besoin. Le plus grave, c’est que 40 % d’entre eux ne bénéficient pas du soutien et de la compréhension de leur employeur et de leur supérieur, qui connaissent pourtant leur état.
Les maladies chroniques, un sujet encore largement inexploré
Pour les salariés malades, la situation est d’autant difficile qu’elle cause des répercussions durables et importantes sur leur santé mentale. Selon le baromètre, plus de 73 % des malades chroniques ayant vécu une discrimination ont traversé une période où leur santé phycologique s’est dégradée. Malheureusement, les maladies chroniques au travail restent une question encore largement inexplorée, alors qu’elles constituent un problème social majeur.
Parmi les élements les plus discriminatoires au travail
En effet, les discriminations liées à l’état de santé et au handicap sont les plus fréquemment citées par les personnes interrogées, après celles liées à la nationalité, à l’origine ou à la couleur de la peau. Les décideurs publics et privés devraient s’emparer du sujet pour changer les mentalités et renforcer le bien-être au travail. L’OIT propose de former et de sensibiliser les acteurs du monde du travail à la situation des travailleurs malades.
Vers une hausse des maladies chroniques
L’organisation recommande aussi d’appuyer l’action des représentants du personnel et des syndicats dans la lutte contre la discrimination. En outre, elle préconise de rendre obligatoire l’aménagement des postes, au besoin. Ces propositions devraient être prises en compte d’autant que la part de la population active touchée par une maladie chronique devrait atteindre 25 % dès 2025, contre 15 % en 2019. En cause, le recul de l’âge de départ à la retraite et le vieillissement de la population.