Quarante ans après la découverte du VIH-Sida, aucun vaccin efficace n’a toujours pas été produit en raison de la complexité du virus. Mais les recherches scientifiques avancent bien et suscitent de grands espoirs. Tour d’horizon des principales initiatives à ce jour.
Depuis sa découverte dans les années 1970, le VIH-Sida a tué plus de 35 millions de personnes dans le monde et cela en dépit des avancées médicales. A ce jour, seuls cinq cas de guérison complète ont été confirmés. Et il s’agit toujours de patients ayant bénéficié d’une greffe de moelle pour une autre maladie, comme le cancer. Pour le reste, on a plutôt affaire à des rémissions de l’infection. C’est-à-dire que les patients ont encore dans leur organisme des traces du virus, mais que celui-ci reste sous contrôle et ne peut pas se transmettre.
Les cellules tueuses naturelles contre le VIH-Sida
Ces dernières années, les recherches scientifiques ont bien avancé. Plusieurs résultats positifs ont été signalés çà et là, mais nécessitent de poursuivre les travaux pour produire un vaccin totalement efficace contre le VIH-Sida. Les chercheurs travaillent notamment à doper l’immunité innée en mobilisant les cellules tueuses naturelles (ou «NK», pour «natural killer»). Celles-ci agissent rapidement sur les cellules infectées depuis le réservoir et peuvent prévenir une infection par le VIH.
Des anticorps neutralisants à large spectre
D’autres recherches de vaccin reposent sur l’utilisation d’anticorps monoclonaux conçus pour cibler spécifiquement le CD40, ensemble de cellules du système immunitaire appelées « cellules dendritiques ». Ces traitements seraient en capacité d’induire une réponse immunitaire précoce, importante et durable contre le VIH-Sida. D’autres initiatives scientifiques s’appuient plutôt sur les anticorps neutralisants à large spectre naturellement produits par quelques rares patients. Si leur fabrication en laboratoire est assez facile, il faut encore réussir à les produire naturellement dans le corps humain.
Les vaccins à ADN et ARN, source d’espoir
Mais le plus grand espoir réside certainement dans les vaccins à ARN (acide ribonucléique) et à ADN (acide désoxyribonucléique) propulsés par la pandémie du Covid-19. Pour rappel l’ARN est proche chimiquement de l’ADN. Il s’agit en fait d’une copie ou d’un négatif, de l’ADN. Les vaccins ARN messager ou ADN consistent à stimuler la fabrication d’antigène par l’organisme lui-même. Puis d’obtenir la synthèse de cet antigène, qui initie à son tour la fabrication d’anticorps spécifiques dans le cadre de la réponse immunitaire. Mais, pour que cela fonctionne, il faut introduire l’ADN au bon endroit. C’est-à-dire dans la membrane cellulaire, où le VIH se réplique.
Des chercheurs nantais misent sur un vaccin à ADN
Pour y parvenir, il est indispensable de concevoir un moyen de transport assez petit pour se faufiler à travers la membrane et entrer dans le noyau. Au Centre hospitalier universitaire de Nantes, les chercheurs ont trouvé un véhicule parfait : le vecteur 704. Ce polymère en forme d’étoile permet de transporter des brins d’ADN via ses branches. Grâce à ce convoyeur, l’ADN peut empêcher la rétrotranscription du VIH directement dans le noyau des cellules infectées. Ce qui permet de bloquer rapidement la réplication et la mutation du virus.
Pour l’instant, un traitement préventif prometteur contre le VIH-Sida
Malgré des résultats positifs pour toutes les recherches, on ne devrait pas s’attendre à une commercialisation de ces vaccins avant 2030. Il faudra donc encore patienter. Mais pour l’heure, certains remèdes déjà sur le marché permettent de ralentir la contamination du virus. C’est le cas de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), approuvée par l’OMS comme un outil de prévention contre la transmission du VIH. En phase expérimental au Kenya depuis 2017, la PrEP a contribué à faire chuter de près de moitié le nombre de nouvelles infections entre 2016 et 2022.