Des pilules

Contraception masculine : enfin une pilule vraiment efficace ?

Santé Une

Alors que les solutions expérimentées à ce jour n’ont pas eu de résultats concrets, une équipe de chercheurs américains affirment travailler sur une pilule vraiment efficace pour la contraception masculine. Leur produit exploite des inhibiteurs pour immobiliser les spermatozoïdes pendant plusieurs heures.

Si les femmes ont leurs pilules contraceptives depuis 1965, les hommes attendent toujours que les leur sortent enfin des laboratoires. Ce retard s’explique par les contraintes biologiques induites par la fabrication de tels produits chez la gente masculine. En effet, contrairement aux femmes qui produisent chaque mois un ovule sous l’influence cyclique de plusieurs hormones, les hommes engendrent des milliers de spermatozoïdes en permanence. Il est donc improductif de modifier simplement la production des bonnes hormones au bon moment pour espérer bloquer la rencontre avec les ovules et donc la fécondation.

Des contraceptifs pas toujours convaincants

Ainsi, à l’heure actuelle, il n’y a de moyens de contraception masculine que le préservatif et la vasectomie. Un peu radicale, cette dernière pratique consiste à obturer les spermiductes pour ne pas laisser passer les spermatozoïdes. Si cette méthode est efficace à 99%, elle présente des taux de réversibilité relativement faible, de l’ordre de 30 à 70%. Mais, ces dernières années, plusieurs études ont fait cas du développement de contraceptifs masculins efficaces. Malheureusement, ces solutions s’accompagnent généralement d’effets secondaires ou ne sont pas approuvés par les organismes réglementaires.

C’est le cas notamment du slip chauffant et de l’andro-switch (anneau en silicone) qui permet de jouer d’une certaine manière avec les testicules afin d’empêcher la production des spermatozoïdes. On commençait donc à désespérer quand une équipe de chercheurs du Weill Cornell Medicine (New York, Etats Unis) a annoncé, le mardi 14 février 2023, la production prochaine d’une pilule qui empêche effectivement la production de spermatozoïdes. Elle a publié les résultats prometteurs de son étude dans la revue Nature communications.

Un texte mené sur 52 couples de souris

Les scientifiques américains ont exploité une enzyme particulière, l’adenylyl cyclase soluble (sAC), présente dans la plupart des tissus des mammifères. Les isoformes de cette molécule sont impliqués dans la motilité et l’activation des spermatozoïdes. Par conséquent, le sAC participe de la fertilité masculine. Les chercheurs du Weill Cornell Medicine ont utilisé une protéine (TDI-11861) pour inhiber son activité. Ce qui a permis de mettre fin temporairement aux mouvements des spermatozoïdes et empêcher la fécondation.

Pour obtenir ces résultats, l’équipe américaine a mené des expériences sur 52 couples de souris divisés en deux groupes. Au bout de 2h30 minutes après l’accouplement, ils n’ont observé aucune gestation de souris femelle dans le premier groupe, où les mâles ont reçu l’inhibiteur. Par contre, dans le groupe témoin, où la protéine TDI-11861 n’a pas été administrée aux mâles, il y a eu au moins 30% de gestations chez les femelles. Les chercheurs ont donc conclu que leur pilule était efficace pour la contraception masculine.

Seulement un contraceptif ponctuel

Toutefois, ils ont noté que la fertilité revenait à des niveaux normaux 24h après l’administration de l’inhibiteur. Un constat qui pourrait faire de cette pilule, un contraceptif ponctuel à utiliser peu de temps avant un rapport sexuel. Malgré tout, les chercheurs pensent qu’elle assurera l’équité entre les sexes et permettra de partager la charge mentale de la contraception. Mais il faudra d’abord mener des tests sur l’Homme. Un tel produit pourrait entraîner des effets secondaires ou altérer la fécondité à long terme.

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