Une femme au travail.

Réforme des retraites : les femmes, les grandes perdantes ?

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Alors que la France travaille depuis plusieurs années à supprimer l’inégalité entre hommes et femmes, la réforme des retraites pourrait renforcer l’injustice contre la gente féminine. En cause notamment un rallongement de 6 à 8 mois du départ à la retraite pour pouvoir liquider les cotisations.

Elisabeth Borne a présenté, mi-janvier, son projet de réforme des retraites visant à refondre en profondeur le système de retraites français. Alors que la Première ministre insiste sur la nécessité d’adopter ce texte, les Français se sont mobilisés cette semaine pour la faire reculer. Et ils peuvent compter sur les femmes pour y arriver. En effet, cette réforme aurait des effets particulièrement négatifs sur la gente féminine, contrairement à ce que prétend l’exécutif. Celui-ci vante le maintien de l’âge d’annulation de la décote, la revalorisation des petites pensions à 1 200 euros et une meilleure prise en compte des trimestres de congé parental. Mais ce n’est pas exactement vrai.

Vers un allongement du départ à la retraite

C’est en tout cas ce que démontre l’étude d’impact de la réforme des retraites. Celle-ci relève que les femmes subiront en moyenne un allongement du départ à la retraite supérieur à celui des hommes. Elles devraient attendre entre 6 et 8 mois pour partir contre 4 pour les hommes. Et les plus impactées seraient celles nées à partir de 1980. Cette injustice sociale découle de la nécessité de liquider les cotisations  supplémentaires, notamment pour les parents au foyer. Ainsi, un grand nombre de femmes qui auraient pu partir à la retraite à 62 ans seront obligées de patienter jusqu’à 64 ans. Dans ce contexte, le dispositif de majoration de durée d’assurance (MDA) lié aux naissances d’enfants voit ses effets diminuer.

Pas de changement avec l’augmentation du minimum de retraite

Concernant le maintien de l’âge d’annulation de la décote à 67 ans, il n’y a pas d’avancée majeure non plus. En effet, les femmes continueront d’avoir plus de mal à atteindre le nombre de trimestres nécessaires pour une retraite à taux plein. Principalement à cause des carrières plus hachées. Aussi, devront-elles pour la plupart attendre 67 ans pour éviter de subir une décote sur le montant de leur retraite déjà moins élevée que celle des hommes. En outre, l’augmentation du minimum de retraite, appelé minimum contributif, ne se fera pas exactement comme prévu. De fait, la hausse de pension pour les femmes bénéficiaires de ce dispositif s’élèvera en moyenne à seulement 38 euros mensuels, contre 100 euros annoncés.

Un aveu du gouvernement

Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement, a d’ailleurs avoué qu’il y a une certaine injustice sociale dans la réforme des retraites. Lors d’une interview sur Public Sénat, le 23 janvier dernier, il a admis que «[Les femmes] sont un peu pénalisées par ce report de l’âge» et qu’il « n’en disconvient absolument pas ». De quoi motiver davantage les contestataires à l’heure de la mobilisation dans toute la France. Et ce ne sont pas les déclarations d’Elisabeth Borne qui y changeront quelque chose. Conscient des imperfections de son texte, le gouvernement cherche heureusement à corriger le tir avec des amendements qui fusent de partout à l’Assemblée nationale. Mais ces améliorations pourraient engendrer d’autres problèmes…

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