Culture de betteraves.

Néonicotinoïdes : fin de la dérogation pour la betterave

Alimentation Une

 

Marc Fesneau, le ministre français de l’Agriculture, a annoncé lundi que la France renonçait à la dérogation sur l’usage des néonicotinoïdes pour protéger les semences de betteraves sucrières. Ces insecticides provoqueraient le déclin massif des colonies d’abeilles.

Alors qu’elle s’apprêtait à autoriser de manière dérogatoire l’usage des néonicotinoïdes pour la troisième campagne de suite, la France a choisi de renoncer à son projet. C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Agriculture, le lundi 23 janvier lors d’un point presse à Paris. Marc Fesneau assure qu’il n’a aucune intention de susciter de l’inquiétude chez les agriculteurs et de les « balader ». Pourtant, l’utilisation des néonicotinoïdes reste essentielle pour protéger les semences de betteraves sucrières.

La Cour de justice européenne a tranché

En effet, ces insecticides permettent de lutter contre un puceron vecteur de la jaunisse chez ces betteraves. Le bémol c’est qu’ils s’attaquent aussi au système nerveux des abeilles, provoquant l’extermination de colonies entières. Marc Fesneau explique s’être aligné sur la décision de la Cour de justice (européenne), « suffisamment puissante pour ne pas instabiliser encore plus le système ». La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé jeudi dernier que les Etats membres ne pouvaient pas déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes, y compris dans les circonstances exceptionnelles. Elle supprimait dès lors un contournement de la loi dont profitait notamment la France.

Onze États membres ont adopté des autorisations d’urgence

Pour rappel, l’Union européenne (UE) a interdit depuis 2018 l’usage en plein champ, pour toutes les cultures, de trois néonicotinoïdes soupçonnés d’accélérer le déclin massif des colonies d’abeilles. Mais onze États membres ont adopté des autorisations d’urgence pour éviter la baisse de leurs rendements face aux maladies. Premier producteur européen de sucre, la France a particulièrement abusé de ces dérogations et s’apprêtait à le faire encore en 2023. Un projet d’arrêté autorisant cette dérogation faisait l’objet d’une consultation publique depuis début janvier.

Les producteurs inquiets des conséquences potentielles

Craignant cette suppression de la dérogation, la filière betterave sucrière avait prévenu en début d’année que les 24 000 planteurs français de cette culture se retrouveraient dans une situation très difficile. La FNSEA, le syndicat agricole majoritaire en France, a laissé entendre que tous les producteurs de betteraves sont atterrés par les conséquences potentielles de cette décision. Il évoque notamment le risque sur la pérennité des exploitations à l’approche des semis et la remise en question de la production betteravière française ainsi que du fonctionnement des sucreries.

Une vingtaine de solutions disponibles

Mais Marc arc Fesneau rassure ces agriculteurs sur le fait qu’il se battra pour faire activer au niveau européen les clauses de sauvegarde afin qu’il n’y ait pas de distorsion de concurrence. Il envisage aussi la création d’un dispositif permettant de couvrir le risque de pertes lié à la jaunisse, en attendant de trouver des alternatives. Pour Jean-Marc Bonmatin, chercheur au CNRS en chimie et toxicologie, il existe de nombreux autres moyens. Il y aurait précisément 22 solutions avancées par l’Anses, dont 4 directement applicables. Ces alternatives demanderaient simplement un peu de travail et de surveillance.

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