Photo montage des drapeaux algérien et marocain.

Le CHAN 2023, prétexte d’une escalade entre l’Algérie et le Maroc

Géopolitique Une

 

Double tenant du titre, le Maroc ne prendra pas part au CHAN 2023 qui se déroule du 13 janvier au 4 février en Algérie. Il n’a pas reçu l’autorisation du pays hôte pour s’y rendre en avion. Cette absence constitue une nouvelle phase du conflit politique qui oppose Rabat à Alger depuis cinquante ans autour du Sahara Occidental.

Après plusieurs jours d’imbroglio, le Maroc ne prendra finalement pas part au 7e Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) qui se déroule du 13 janvier au 4 février en Algérie. Cette compétition organisée par la Confédération africaine de football (CAF) concerne uniquement les joueurs africains évoluant dans les championnats locaux d’Afrique. Elle a lieu tous les deux ans depuis 2009, en alternance avec la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

L’arrière-petit-fils de Mandela attise les tensions

L’absence des Lions de l’Atlas à cette édition 2023 relève d’une question politique plus qu’administrative. En effet, ils n’ont pas reçu l’autorisation des responsables algériens pour se rendre en Algérie parce qu’il existe des inimitiés entre les deux pays depuis de nombreuses années. Ces tensions ont conduit à la fermeture des frontières depuis 1994 et à l’interdiction de vol direct entre les deux pays depuis septembre 2021 après une rupture des relations diplomatiques. Le Maroc avait pourtant proposé un vol Rabat-Tunis-Constantine, où logent les équipes du groupe C dont il fait partie…

Comme si elle avait tout prévu pour gâcher la fête au royaume chérifien, l’Algérie a fait du pays voisin le principal sujet de la cérémonie d’ouverture de son CHAN 2023. Cet évènement a pris une tournure très politique avec des injures aux Marocains. Le point culminant fut l’intervention de Zwelivelile Mandla Mandela, petit-fils indélicat de Nelson Mandela, qui a dénoncé la présence du Maroc au Sahara Occidental. Selon cet individu égaré, le Sahara Occidental serait la « dernière colonie présente en Afrique », plus de soixante ans après les indépendances. Comme si ce n’était suffisant, il a aussi apporté son soutien à la Palestine contre Israël, désormais allié du Maroc.

Une crise politique autour du Sahara occidental

Après ce show malencontreux, la fédération marocaine de football a fustigé un « discours provocateur et surréaliste », ainsi que des « propos racistes ». Elle a également évoqué une violation du « règlement régissant l’organisation des manifestations footballistiques sous l’égide de la Confédération africaine de football (CAF) ». L’instance a en outre adressé une correspondance à la CAF pour lui demander « d’assumer toute la responsabilité face à ces transgressions flagrantes qui n’ont aucun lien avec les principes et valeurs du ballon rond ».

De son côté, la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé, le dimanche 15 janvier, qu’elle allait enquêter sur les incidents de la cérémonie d’ouverture du CHAN 2023. Elle a promis de faire part de ses conclusions en temps opportun, mais se dit impuissante face à des questions de souveraineté nationale en tant qu’organisation neutre. En effet, depuis près de cinquante ans, le Maroc et l’Algérie s’écharpent sur l’épineux dossier du Sahara Occidental. Ce territoire de 266 000 km2 se situe au Nord-Ouest de l’Afrique avec pour frontière le Maroc (nord), l’Algérie (nord-est), la Mauritanie (est et sud), l’Océan Atlantique (ouest).

Une région largement contrôlée par Rabat

Le conflit du Sahara Occidental oppose le Maroc au front Polisario soutenu par l’Algérie depuis le retrait en 1975 de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale. Les indépendantistes réclament un référendum d’autodétermination sous la supervision de l’ONU, tandis que Rabat souhaite une autonomie sous sa souveraineté. Depuis le cessez-le-feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire, et le Front Polisario 20 %. Les Nations unies, qui considèrent le Sahara Occidental comme un territoire non autonome, jouent les forces d’interposition dans l’ensemble de la région. Elles avaient appelé en octobre à une reprise des négociations et avaient envoyé un émissaire sur place.

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