Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a alerté lundi sur le risque d’une vague de famines dans le monde si la guerre en Ukraine se prolongeait. Le PAM et le FAO ont également tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. S’il est peu probable qu’une famine survienne en France, peut-on en revanche sérieusement craindre une pénurie de certaines denrées alimentaires ?
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les tarifs de l’énergie, des matières premières et des engrais ne cessent d’augmenter à cause de la perturbation des approvisionnements et des sanctions internationales. Conséquence : dans les rayons, les prix de nombreux produits alimentaires ont enregistré une hausse significative, notamment ceux à base de blé, dont la Russie et l’Ukraine sont de grands producteurs. Ces deux pays assurent 28 % des exportations et près de 15 % de la production mondiale de céréales.
Pas de pénurie, mais une explosion des prix attendue
Face au blocage des productions agricoles et la flambée des prix, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a prévenu lundi que le monde pourrait bientôt subir une vague de famines. Il s’inquiète en particulier pour les pays africains et du proche orient tels que l’Egypte, le Liban, le Yémen, la Tunisie, la Libye, le Burkina Faso, le Soudan et la Somalie, qui importent une bonne partie de leur blé de la Russie et de l’Ukraine. Le dirigeant portugais craint même que des émeutes d’une grande ampleur surviennent dans ces Etats.
En France, comme un peu partout en Europe, il n’y a pas de risque de famine ni de pénurie malgré de probables courses paniques. Selon le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie, « la force de notre modèle agricole est que celui-ci est indépendant ». Ainsi, « nous sommes souverains d’un point de vue alimentaire à la différence de d’autres pays », a-t-il assuré mardi sur France Inter. Le ministre reconnait toutefois qu’il y a et y aura une explosion de prix dans certains secteurs comme l’élevage de volaille, de porc et dans une moindre de bovin. Il s’attend aussi et surtout à une hausse des prix du blé et donc potentiellement celui du pain.
Des solutions à l’échelle nationale et européenne
Julien Denormandie a en outre précisé que le gouvernement essaie de limiter l’impact de cette inflation en contrant la hausse des prix des intrants et de l’énergie. L’exécutif misera aussi sur l’accroissement de la production agricole européenne et la reconquête de certains marchés, dont l’Egypte, le Maroc et le Liban, actuellement aux mains de la Russie. Pour sa part, le ministre de l’Agriculture pense qu’il faut parallèlement remettre en culture, pendant un certain moment, les terres laissées en jachère pour des besoins écologiques. Enfin, il n’irait pas contre une potentielle taxation des exportations pour garder les marchandises sur le territoire national.
Mais certains politiques estiment qu’il faudrait surtout produire plus et mieux. Ce qui permettra non seulement de satisfaire la demande, mais également de continuer la transition écologique. Cela passera notamment par une meilleure utilisation des ressources naturelles (sols et eau) et une moindre indépendance aux intrants russes et ukrainiens. Si toutes ces propositions sont intéressantes, la meilleure solution reste de mettre fin tout simplement à la guerre. On y parviendra en levant le pied sur les sanctions, qui n’ont d’ailleurs pas encore plié la Russie (bien au contraire), et en donnant une véritable chance aux négociations.