Un tracteur rejettant des engrais sur une exploitation.

Souveraineté alimentaire : l’Afrique mise sur les engrais

Alimentation Une

 

La Banque africaine de développement (BAD) et OCP Africa ont co-organisé, début octobre au Maroc, la troisième édition du Forum africain de financement des engrais. Objectif : résoudre la problématique du financement des fertilisants afin de booster la production agricole et atteindre la souveraineté alimentaire du continent.

Dans un contexte mondial marqué par l’envolée des cours des intrants, la Banque africaine de développement (BAD) et OCP Africa, groupe marocain spécialisé dans la commercialisation du phosphate ainsi que de ses produits dérivés, ont organisé, du 12 au 13 octobre 2022 à Casablanca (Maroc), la troisième édition du Forum africain de financement des engrais. Ce rendez-vous international du secteur agricole a réuni plus de 200 experts.

La malnutrition omniprésente en Afrique

Pendant deux jours, ces spécialistes de l’agriculture ont partagé les retours d’expérience, évalué la pertinence des modèles actuels et exposé les projets à succès. Objectif : identifier les solutions africaines pour améliorer les résultats et surtout atteindre la souveraineté alimentaire. « L’Afrique peut se suffire à elle-même en alimentation. Il faut agir », ont répété en boucle les participants. Pour se faire, ils ont souligné le besoin, pour l’Afrique, de s’approprier les solutions locales pouvant mieux l’aider à nourrir sa population. Une urgence d’autant que la famine menace le continent.

Au Soudan du Sud, par exemple, au moins 1,4 million d’enfants de moins de 5 ans souffrent encore de malnutrition en 2022, selon selon les Nations unies. Aussi, 71 % des habitants de ce pays ont besoin d’aide humanitaire, soit près de 9 millions de personnes. Ces derniers mois, la situation s’est particulièrement aggravée à cause des inondations sans précédent, du conflit ukrainien, qui perturbe l’importation de blé ainsi que d’engrais, et de la hausse des prix des fertilisants. La pénurie de ces matières inquiètent car l’Afrique en produisait déjà peu.

Des financements annoncés par la BAD et OCP Africa

Des pays comme l’Angola n’utilisent que 12 kg d’engrais, alors qu’il est nécessaire d’en employer 50 pour un hectare. Dès lors, ils se retrouvent avec un rendement bien en deçà des attentes, notamment au niveau des céréales. Les Etats africains espèrent par conséquent un soutien plus important de la BAD et d’OCP Africa pour soutenir les programmes nationaux de production en masse. La BAD, elle, a déjà mis en place un mécanisme de financement des engrais qui a bénéficié à 30 millions d’agriculteurs. Mais l’institution compte débourser 1,5 milliard de dollars supplémentaire d’ici la fin d’année.

Pour sa part, OCP Africa a annoncé le lancement de sa 2e phase de financement des engrais en Afrique, de 4 millions de tonnes adaptés au sol africain. Cet investissement devrait profiter à plus de 40 millions de fermiers dans 35 pays du continent. Il permettrait, à court terme, de nourrir 1 milliard de personnes. Et à long terme d’obtenir la sécurité alimentaire, ainsi que lutter contre le changement climatique. Selon les ministres africains de l’Agriculture, présents à ce forum, un appui financier plus poussé des partenaires serait en tout cas le bienvenu. Il aiderait au moins à se départir de la dépendance aux engrais ukrainiens et russes.

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