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Fin de vie : La Haute autorité de santé facilite l’accès au midazolam

Santé Société

La Haute autorité de santé (HAS), une autorité publique indépendante à caractère scientifique, a statué lundi 10 février en faveur de la prescription, par les médecins généralistes, d’un médicament qui permet de soulager la fin de vie d’un patient. Le midazolam, le médicament en question, provoque une sédation « profonde et continue » chez le patient et doit théoriquement l’endormir jusqu’à son décès. Cette décision est saluée par de nombreux professionnels du milieu qui attendaient depuis plusieurs années la mise à disposition de ce médicament aux médecins généralistes.

Permettre aux patients de mourir à domicile

Aujourd’hui, de nombreuses personnes en fin de vie souhaiteraient finir leurs jours chez eux plutôt que dans un hôpital, au cœur d’un service de soins palliatifs. Mais à l’heure actuelle, il est encore difficile pour les familles et les médecins de respecter cette volonté. Lorsqu’un patient est diagnostiqué en fin de vie, il est presque toujours amené à finir ses jours dans une infrastructure médicale. En cause, un accès toujours restreint aux médicaments de sédation profonde qui doivent accompagner les malades et soulager leurs souffrances. En effet, pour le moment, ces médicaments ne sont accessibles que dans les hôpitaux et chez de très rares médecins généralistes.

En publiant de nouvelles recommandations sur la fin de vie à domicile, la Haute autorité de Santé souhaite ouvrir aux médecins généralistes la prescription du midazolam. Ce médicament est aujourd’hui le plus utilisé pour mettre en place une sédation profonde et continue jusqu’au décès (SPCJD). L’objectif de ce médicament étant d’endormir le patient jusqu’à sa mort. Cela soulage les douleurs et l’administration de ce médicament coupe petit à petit les liens entre le patient et le monde extérieur…

Faciliter l’accès au midazolam pour les médecins

Le fait que la Haute autorité de santé statue en faveur de la sédation profonde à domicile n’est qu’un poids de plus dans la balance en faveur de cette pratique. En effet, la loi Claeys-Leonetti, votée en 2016, devait déjà permettre aux patients de « dormir jusqu’à la mort« , selon Jean Leonetti. La loi prévoyait que, pour pouvoir prescrire un tel médicament, il fallait que le patient soit en fin de vie, souffre d’importantes douleurs et que la décision soit collégiale. Des conditions simples à remplir et à justifier, mais qui, dans la pratique, ne permettaient pas aux médecins généralistes de prescrire le médicament : ils n’avaient aucun accès direct au médicament et devaient alors passer par une pharmacie hospitalière. De plus, les médecins devaient généralement faire jouer leur réseau pour obtenir le midazolam. Une situation qui n’était pas tenable pour les médecins, qui devaient transgresser les lois pour aider leurs patients en fin de vie.

Cette prise de position de la HAS intervient dans un contexte particulier, où un médecin a été mis en examen pour avoir prescrit du midazolam obtenu de manière détournée à un patient. Cette mise en examen a donné suite à une interdiction d’exercer pour le médecin. Ces sanctions avaient provoqué de vives réactions de la part des professionnels de la santé. À ce sujet, le docteur Hamon, qui a lui aussi prescrit du midazolam à des patients, a déclaré qu’il s’agissait « d’une situation un rien ubuesque, on demande aux médecins de prendre en charge leur patient, et quand ils le font, on les met en examen« .

Maintenant que la Haute autorité de santé a statué en faveur de l’utilisation de ce produit par les médecins généralistes, il faut tout de même attendre le feu vert de la part du ministère de la santé. En effet, Pierre Gabach, le chef du service des bonnes pratiques professionnelles à la HAS, s’est exprimé sur ce point, indiquant que « c’est au ministère de la Santé de faire en sorte que désormais, réglementairement cela soit possible ». Le professeur René Robert, réanimateur et vice-président du comité d’orientation scientifique du Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie, s’est également exprimé à ce sujet, saluant la petite avancée que représentait ce rapport de la HAS : « Cela bouge. C’est une bonne nouvelle, même si cela reste un peu timide« .

 

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