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L’Espagne anticipe sa crise démographique et « aura besoin de millions et de millions de migrants »

Géopolitique Travail

Pendant le Forum de l’OCDE sur les migrations, qui s’est tenu le jeudi 16 janvier 2020 à Paris, le ministre espagnol, José Luis Escrivá a déclaré que l’Espagne aura besoin de « millions et de millions de migrants » dans les années à venir. Pour lui, il s’agit d’un scénario inévitable pour pallier la crise démographique à laquelle l’Espagne va devoir faire face dans les prochaines années.

Le ministre de la Sécurité sociale, de l’inclusion et des migrations espagnol, José Luis Escrivá, s’inquiète aujourd’hui de la trajectoire démographique que suit son pays. En effet, l’Espagne et ses 47 millions d’habitants vont faire face à une baisse drastique de son taux de population active dans les prochaines années. Un problème auquel seule l’immigration pourra répondre : « Nous aurons besoin de 8 ou 9 millions de personnes juste pour garder notre population active au même niveau » déclare-t-il. Madrid et l’Espagne doivent donc selon lui, se préparer à accueillir « un certain nombre de migrants supplémentaires » dans les prochaines années

L’Espagne loin d’être un cas isolé en Europe

Depuis le début la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les démographes s’intéressent au vieillissement de la population européenne. Deux membres du Fonds Monétaire International, Giuseppe Carone et Declan Costello ont prévu que le rapport du nombre de retraités comparé à celui des actifs en Europe doublera et atteindra 0,54 en 2050. Dans le même temps, William H. Frey, chercheur pour la Brookings Institution, prédit que l’âge moyen de la population européenne passera de 37,7 ans (données en 2003) à 52,3 ans en 2050. Des chiffres bien connus des dirigeants Européens, qui semblent avoir trouvé une solution avec l’immigration…

L’annonce de José Luis Escrivá fait écho à la déclaration de l’ex-Haut-Commissaire aux Retraites, Jean-Paul Delevoye, qui avait déclaré que la « démographie européenne et son vieillissement » allaient nécessiter « 50 millions [de personnes] de population étrangère pour équilibrer la population active en Europe en 2050 ».

Le ministre espagnol, de son côté, s’est montré fataliste dans la suite de ses déclaration « Les trajectoires démographiques sont là. Ça va arriver, on n’y échappera pas. Nous devons être préparés à intégrer dans nos sociétés, si on veut conserver nos niveaux de confort, un certain nombre de migrants supplémentaires […] ».

Faire accepter ces populations à l’Europe

José Luis Escrivá a poursuivi sa déclaration en précisant que « notre population sera plus mixte » et que les gouvernements européens doivent « préparer les sociétés à cela ». Cette nécessité d’accueillir des migrants s’accompagne donc d’un enjeu social qui est de faire accepter cette arrivée massive de populations aux européens.

Au niveau de l’Europe, Ylva Johansson, la Commissaire européenne en charge des migrations a relevé un « manque de confiance entre la population et les responsables politiques, au niveau européen ou au niveau local » sur la question de l’immigration. Pour elle, cette cassure politico-sociale s’explique par la peur qu’ont les populations de voir l’immigration finir hors de contrôle des gouvernements.

Pour tenter d’apaiser ces débats, Ylva Johansson a tenu à rappeler les chiffres de l’immigration européenne de l’année passée, où « 2,5 millions de migrants sont entrés dans l’Union européenne », dont 150 000 « arrivées clandestines ». Un chiffre qui, au final, représente 6% de migrants clandestins comparé à la totalité de l’immigration européenne. Yvla Johansson précise tout de même qu’il s’agit d’un problème et que l’Europe de soit de « bien mieux gérer les arrivées irrégulières ». Mais, elle poursuit en appuyant que ce problème ne doit en rien impacter les migrants en règle. « Ceux qui ont le droit de rester, ils sont les bienvenus, on doit les accueillir » conclue-t-elle.