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Projet TDN : un enjeu de taille pour la protection de l’environnement

Energie Environnement

Malgré l’opposition d’associations locales, Orano poursuit son projet TDN de traitement des effluents liquides nitratés dans son usine Malvési (Narbonne) dédiée à la transformation de l’uranium. Pour l’industriel, il s’agit du seul procédé compatible avec le traitement des déchets radioactifs et la protection de l’environnement.

Début décembre 2019, deux associations, Rubresus et COLERE, ont décidé de faire appel de la décision du tribunal administratif de Montpellier concernant le projet de TDN d’Orano. Le 30 novembre dernier, c’est l’association TCNA (Transparence des canaux de la Narbonnaise) qui avait déposé son propre recours. Cette double procédure fait suite au rejet prononcé le 15 octobre 2019 par ce même tribunal à l’encontre de ces 3 associations. Leur recours visait à faire annuler le projet de traitement des effluents liquides nitratés produits par l’activité de l’usine Malvési, située sur la commune de Narbonne. Avant que la cour d’appel de Marseille ne se penche sur cette épineuse question, contre quoi exactement se battent-elles obstinément ?

Un procédé devenu nécessaire face aux risques d’inondation

Fruit de plus de 25 années de recherche et de développement, le projet de traitement des nitrates (TDN) devait être lancé courant 2019 par Orano. Sur son site de Malvési, au nord de Narbonne, le successeur d’Areva, qui se concentre désormais sur le cycle du combustible nucléaire, y convertit l’uranium naturel provenant des différents sites d’extraction à travers le monde. Ce processus de purification par fluoration génère des effluents liquides contenant du nitrate. Jusqu’à maintenant, Orano stockait ces matières, après contrôle, dans des bassins de décantation, puis d’évaporation. Fin 2015, après un demi-siècle d’activité à Malvési, près de 350 000 m3 de ces effluents étaient entreposés, soit l’équivalent de 90 piscines olympiques. Face au risque d’inondation et donc de débordement des bassins, le groupe a décidé d’adopter un nouveau procédé afin de détruire les nitrates et de vider les bassins d’évaporation.

Parmi la quinzaine de solutions existantes, Orano a opté pour le seul système permettant, via une technique de dénitration thermique sans combustion, de réduire les nitrates en azote gazeux et de produire un déchet solide de très faible activité radioactive (TFA). Trois fois moins volumineux que sous sa forme liquide, ce produit peut ensuite être entreposé définitivement dans l’une des filières de stockage de l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Pour le mettre sur pied, Orano a investi plus de 300 millions d’euros dans de nouveaux ateliers de conversion à Malvési, aujourd’hui pleinement opérationnels. La mise en oeuvre du projet TDN a ensuite été évaluée pour un montant d’investissement de 80M€, puis autorisée le 8 novembre 2017 par la préfecture de l’Aude, après avis favorable du CODERST (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques). L’instance s’est pour cela appuyée sur les expertises de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et du professeur Bernier, ancien directeur de la branche chimie du CNRS.

« Il faut que la parole de l’expert reprenne toute sa place » – Alain Péréa, député de l’Aude

Ces experts ont notamment considéré que l’impact du procédé de TDN, déjà testé à l’échelle industrielle, était sans danger pour la santé de la population et l’environnement local. « La solution proposée présente le meilleur bilan coût/avantage au regard des impacts environnementaux et des technologies existantes », estime le professeur Bernier. En effet, en plus de détruire plus de 99 % des nitrates, « les gaz en sortie ne contiennent très majoritairement que de l’azote et de l’oxygène (comme l’air que nous respirons), de la vapeur d’eau et du gaz carbonique », assure le scientifique. Selon Orano, la technologie choisie permet par ailleurs de réduire considérablement les effluents gazeux d’oxydes d’azote, dont la valeur sera 80 fois inférieure au seuil du Code de l’environnement, et de composés organiques volatils (COV). Les émissions de gaz à effet de serre seront, quant à elles, 20 fois inférieures en équivalent CO2 que celles d’une cimenterie de taille moyenne, affirme l’exploitant. Orano assure également l’absence de risque d’explosion ainsi que de danger pour l’agriculture et le voisinage de Malvési. « Les résultats de l’exploitant sont tous largement dans le domaine de conformité, constate l’IRSN. L’impact des rejets chimiques n’appelle pas à mettre en œuvre de dispositions particulières […]. »

[L]e nouveau procédé TDN va donc permettre de traiter ces eaux, d’éviter de laisser cette gestion aux générations futures, le tout avec des contrôles importants sur les sorties de fumée. De plus, le procédé va être suivi, et s’il y a le moindre souci, surtout au début, il sera immédiatement arrêté. » considère Alain Péréa, député de l’Aude membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Mais alors, quels arguments motivent encore les opposants au projet ?

« En réalité, ces opposants regroupent des personnes qui sont contre le nucléaire tout court, et d’autres qui pensent que le procédé qui a été utilisé pour le TDN à Malvési n’est pas adapté, estime Alain Péréa. Cette opposition s’est mise en place pendant la campagne des législatives de 2017. Sur les 17 candidats de la 2e circonscription de l’Aude, beaucoup se sont engagés à fermer l’usine. Or, je vous rappelle que si vous fermez le site de Malvési, vous éteignez toutes les prises électriques de France. […] Ce projet a avancé de manière très sérieuse, a été étudié scrupuleusement par les services de l’État et par l’exploitant Orano. […] C’est très bien qu’on ait aujourd’hui une société qui s’interroge, qui est beaucoup plus informée. Mais, à un moment donné, il faut que la parole de l’expert reprenne toute sa place. Sinon, notre société ne peut plus fonctionner. »

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