Les géants de l’alimentation ont bien compris que les consommateurs végétariens et végans sont proches de devenir centraux dans leur métier. Alors que les ventes de produits labélisés végétariens explosent (+24% en France en 2018), ces produits ne seront plus pour très longtemps issus majoritairement de petites entreprises. Dans quelques mois, Nestlé va lancer son hamburger végétal pour faire face à son concurrent Unilever qui a récemment marqué des points sur ce marché en rachetant une entreprise néerlandaise spécialisée dans les alternatives aux protéines animales.
Nestlé s’attend à de fortes retombées commerciales avec son hamburger sans viande. Il sera lancé dans un premier temps outre-rhin avant de partir à la conquête du monde. Selon Laurent Freixe, directeur de Nestlé USA, le groupe s’attend à ce que le produit représente une contribution d’un milliard de dollars d’ici à 10 ans dans son chiffre d’affaires annuel. Enthousiasmé par le succès des produits végans, le plus grand groupe alimentaire du monde s’est emparé de Sweet Earth Foods en 2017, une entreprise américaine de surgelé qui s’est tournée vers la production de sandwichs du type burritos mais sans viande. « La moitié des consommateurs aux Etats-Unis recherchent plus de produits végétaux et 40 % souhaitent manger moins de viande » affirmait alors le groupe estimant le marché américain de l’alimentaire végan à 5 milliards de dollars d’ici 2020.
Le géant helvétique a mis ses laboratoires gustatifs au travail. Il faut se mettre à la disposition des goûts des consommateurs végétariens et tenter de convaincre les actuels omnivores des bienfaits et de la qualité d’une alimentation moins carnées. L’entreprise est aussi à la recherche des produits du quotidien mais façon végans.
Du côté de la concurrence on ne compte rester en arrière. Danone, le groupe phare des produits laitiers est depuis quelques temps présent sur le marché des produits à base de succèdanès de lait (produit d’origine végétale). En 2017, Danone a même racheté pour 12.5 milliards de dollars l’un des leaders américains de la production végane.
En France le phénomène peine à s’imposer aussi fortement que dans les pays anglo-saxons. Il y a peu, 500 personnalités menées par Isabelle Adjani se sont déclarées favorables au lundi sans poisson ni viande mais les Français ne semblent guère réceptifs pour le moment. Selon le cabinet d’études ObSoCo, le marché va pas exploser dans l’hexagone. En revanche, « il y a bien une tendance de fond pro végétale, qui va avec la quête d’aliments sains et de naturalité », déclare Véronique Varlin, la directrice d’ObSoCo. « L’étiquette « végétarienne » impose l’idée de produit meilleur pour la santé. Mais les produits végétariens sont pour la plupart hyperindustriels, hypertransformés et bien loin du naturel rêvé. Le consommateur n’est pas toujours rationnel », affirme-t-elle.