Alors que le pouvoir alaouite et la personne de Bachar El-Assad paraissaient exclus et boudés de et par la majorité de la communauté internationale, ils progressent jour après jour dans leur projet de consolidation de l’état syrien. Huit ans après le début de la guerre civile, la situation reste complexe.
« Les jours du président Bachar Al Assad sont comptés ». En octobre 2012, la séquence, tournée sur le plateau de la chaîne américaine ABC News, avait été visionnée par des millions de téléspectateurs du monde entier. Alors candidat à sa réélection, Barack Obama y affirmait, durant le débat présidentiel de l’entre-deux tours, que le bourbier levantin allait bientôt connaitre une résolution de crise par la victoire d’une alliance des oppositions, des démocrates aux islamistes alors présentés comme modérés.
A l’époque, une grande partie des nations « occidentales » soutenait, préparait et attendait la chute du pouvoir du président Al Assad. Quitte à s’allier et à armer le diable. En 2015 la guerre changeait de visage avec l’intervention massive de Moscou et de son aviation. Aujourd’hui, les armées FDS, YPJ, et YPG ont quasiment abattu l’Etat Islamique tout en maintenant des troupes prêtes face au voisin turque qui s’est installé dans l’extrême nord du pays avec ses alliés islamistes.
En 4 ans, les troupes de Bachar El Assad ont reconquis les deux tiers du territoire. Le 19 décembre dernier, c’est un nouveau coup de tonnerre diplomatique. « L’annonce surprise, le 19 décembre, du retrait des troupes américaines dans le Nord sous domination kurde rend le régime encore un peu plus gagnant sur le terrain », explique une source proche de responsables politiques du Rojava, la zone au nord du pays, de peuplement majoritairement kurde et actuellement tenue par les combattants de la coalition arabo-kurde des FDS.
« Les autorités kurdes l’ont appelé à l’aide lors de tractations plus ou moins informelles, pour qu’il revienne militairement dans le Nord – et notamment autour de la ville stratégique de Manbij –, pour les protéger de la menace d’une offensive turque » poursuit ce proche des kurdes. Si les Turques bombardent quotidiennement des forces des FDS, Erdogan ne compte pas risquer un affrontement avec El Assad et de froisser Vladimir Poutine avec qui les relations sont faites de hauts et de bas.
Alors que sa suspension de la Ligue Arabe en 2011 avait jeté le pays au ban des reclus de la région, de nombreux états sont entrain de normaliser à nouveau leurs relations avec Damas. « Les États arabes se sont engagés dans un processus de réouverture des frontières – comme celle entre la Syrie et la Jordanie –, et des ambassades à Damas : les Émirats Arabes Unis ont déjà rouvert la leur, et Bahreïn et le Koweït devraient prochainement leur emboîter le pas », explique l’historien Pierre-Jean Luizard, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et spécialiste du Moyen-Orient.
La prochaine étape pourrait être le retour d’ambassades européennes dans la capitale syrienne.