Un véhicule chinois a aluni, hier, sur la face cachée du satellite naturel de la Terre. Une étape attendue qui marque les progrès impressionnants de la deuxième puissance mondiale en termes d’exploration spatiale mais aussi pour l’humanité.
La face cachée de la Lune photographiée et transmise depuis sa surface, c’est une belle première. La Chine a réalisé ce que personne n’avait osé tenter auparavant. L’exploit a été rapidement diffusé sur tous les écrans du pays. « La Chine occupe déjà une position de leader dans les sciences et les technologies, c’est vrai aussi au plan militaire. La Chine va devenir une nation super puissante », déclarent les médias. Une partie de l’exploit se résume ainsi : les Chinois ont su conserver le contact avec la face cachée de la Lune grâce à un satellite de télécommunications, en orbite lunaire.
« Les Chinois préparent aussi pour 2020 l’arrivée d’un satellite autour de Mars, d’une sonde et d’un véhicule qui compte opérer à la surface de Mars », développe Michel Viso, astrophysicien au CNES. Actuellement, la Chine envoie un satellite toutes les six semaines et a lancé la construction du palais céleste, une station orbitale prévue pour être habitée dès 2020.
Envoyé le 7 décembre 2018 par l’une des fusée Longue Marche 3B à partir du centre de lancement de Xichang (sud-ouest), le véhicule menait des tours de la Lune depuis le 13 décembre. Armé de panneaux solaires lui permettant de remplir ses batteries, le rover de la mission Chang’e-4, du nom de la déesse chinoise de la Lune, est en disposition de six roues, d’une caméra et d’un radar lui permettant d’étudier les structures géologiques du sous-sol et de cartographier le régolithe lunaire (la couche de poussière produite par l’impact des météorites, des rayons cosmiques et des particules charriées par le vent solaire).
L’un des buts de la mission est de déterminer « s’il y a des métaux, des organiques ou des minéraux sous la surface de la Lune. Ou encore, quelle quantité d’eau est présente dans le régolithe lunaire. La structure géologique du sol lunaire est apparemment très différente de celle qu’on voit sur la face visible depuis la Terre. En l’étudiant, on va pouvoir en savoir davantage sur la formation de notre satellite naturel », explique Athéna Coustenis, directrice de recherche au CNRS au sein du Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique à l’Observatoire de Paris et présidente du comité européen des sciences spatiales.
L’appareil chinois, qui doit également poursuivre des expériences portant sur la culture de tomate et de diverses plantes, projettera des antennes afin de sonder « l’espace profond (…) protégé de la pollution radio de la Terre », d’après Francis Rocard, astrophysicien et responsable du programme d’exploration du Système solaire à l’agence spatiale française, le Cnes. « En un sens, ils ouvrent une nouvelle fenêtre sur l’Univers », explique le chercheur.