Gaza-Israël : le Hezbollah va-t-il basculer la région dans le chaos ?

Géopolitique Une

Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, doit prendre la parole vendredi pour se prononcer sur la guerre entre le Hamas et Israël à Gaza. Très attendue, son allocution pourrait entraîner la région dans un conflit d’une ampleur inédite.

Hassan Nasrallah, le leader charismatique du Hezbollah, devrait s’exprimer le 3 novembre pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre. Ce discours a été annoncé le dimanche 29 octobre à travers une courte vidéo, qui n’a rien à envier aux teasers de Netflix. On y voit sa silhouette traversée l’écran devant un logo du parti islamiste, sur fond de musique épique.

Les combattants impatients, Nasrallah calcule

Epique ! Ou plutôt dramatique. C’est peut-être l’accent que prendront les prochains jours au Proche-Orient. Hassan Nasrallah doit prendre une décision capitale pour l’avenir de son mouvement, de son pays le Liban, voire de toute la région. S’il décide d’engager ses troupes dans le conflit israélo-palestinien, on pourrait assister à une déflagration générale. Et le chaos risque de s’ensuivre. Ses partisans ne demandant qu’à attaquer Israël, leur principal ennemi. Ils trépignent même d’impatience au point de se plaindre devant le silence assourdissant de leur chef.

Une milice libanaise de mieux en mieux équipée

Le mutisme d’Hassan Nasrallah répond peut-être à la nécessité de bien analyser la situation avant de s’engager. Le Hezbollah est-il prêt à tenir tête à l’armée israélienne ? Selon les estimations des experts, la milice chiite libanaise compte entre 20 à 30 000 combattants professionnels et aguerris (grâce notamment à la guerre en Syrie). Elle dispose d’un arsenal de 150 000 missiles, chars et roquettes. On trouve aussi entre ses mains des systèmes iraniens Zelzal-2 et Fateh-110 de longue portée pour frapper Israël en son cœur.

Téhéran devrait décider de la posture à tenir

Depuis plusieurs semaines, le Hezbollah bombarde déjà sporadiquement les positions de Tsahal, qui ne manque pas de répondre immédiatement avec des frappes ciblées sur le sud du Liban. Mais jusque-là rien de vraiment sérieux. L’état-major Hezbollah n’a pas encore ordonné une attaque d’envergure. Comme tout le monde, il est suspendu aux lèvres d’Hassan Nasrallah. Ce dernier attend peut-être également les ordres de l’Iran, son parrain. Téhéran doit certainement évaluer la situation car il a également beaucoup à perdre en s’ingérant dans le conflit.

Mais il a intérêt à ne pas s’impliquer

Tsahal a une force de frappe supérieure à celle du Hezbollah et de l’Iran, sans oublier qu’elle peut compter sur son allié indéfectible, les Etats Unis. L’armée américaine a d’ailleurs déjà envoyé des navires de guerre dans la région ainsi que des troupes. Elle n’hésiterait pas à porter appui aux troupes israéliennes, à la fois pour combattre le Hezbollah au Liban et frapper sévèrement l’Iran. Au regard des risques pour son régime, on voit mal Téhéran tenter le diable. En cas d’attaque, son soutien à la milice chiite devrait se limiter à la livraison d’armes, sous les radars.

Un chaos total au Liban en cas de guerre

Pour le Hezbollah ce sera la destruction assurée, même si le groupe infligera d’énormes dégâts à Israël. Le mouvement va surtout provoquer la ruine totale du Liban, empêtré dans une crise économique depuis de nombreuses années. Selon la Banque mondiale, les deux tiers de la population libanaise vivent dans la pauvreté et la monnaie nationale s’est dépréciée de 96 % depuis 2019. Le pays ne survit que grâce à sa puissante diaspora. Certains Libanais ne pardonneraient pas le Hezbollah s’il les plongeait dans le gouffre.

Pas le bon moment pour Hassan Nasrallah et son groupe

Cet Etat dans un Etat pourrait ainsi saper sa position politique à l’intérieur du Liban. On note déjà que le groupe et ses alliés ont perdu la majorité des sièges au parlement lors des élections générales de 2022. Face à ces perspectives, il est fort probable qu’Hassan Nasrallah n’engage pas son armée, pour le moment. Rien ne l’y oblige, même la solidarité musulmane. Le zaïm (leader politique) a intérêt à préparer davantage sa milice pour un conflit de haute intensité. Mais, comme on le sait, le bon sens ne l’emporte pas toujours…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *