Pesticides : un nouveau pas franchi vers l’interdiction

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Vers la fin des pesticides dans l’UE ? Les eurodéputés ont voté mardi un texte qui impose la réduction de moitié de leur usage, d’ici à 2030. Le texte est censé bénéficier autant à l’environnement qu’aux agriculteurs. Mais la droite et certains Etats craignent qu’il ne nuise à la sécurité alimentaire européenne.

On s’achemine vers l’interdiction des pesticides chimiques dans l’Union européenne. Le mardi 24 octobre, les eurodéputés ont trouvé un accord pour en réduire l’usage de 65% d’ici à la fin de la décennie, contre une baisse de 50% proposée auparavant par Bruxelles dans le cadre du Pacte vert. Toutefois, ils ont rejeté, en commission parlementaire, une déclaration symbolique distincte en faveur de l’interdiction complète du glyphosate. Un vote se tiendra en novembre sur le sort de cet herbicide potentiellement cancérogène.

Les pesticides bannis des « zones sensibles »

Après une réduction progressive, l’interdiction totale des pesticides devrait intervenir à partir de 2030 chez les agriculteurs et maraîchers. Pour l’heure, ces produits chimiques seront bannis dans les « zones sensibles » comme les aires Natura-2000. Cependant, d’éventuelles dérogations sont possibles. Les eurodéputés souhaitent aussi promouvoir l’usage de « composants de substitution ». En particulier, les pesticides jugés à faible risque et les produits de biocontrôle.

Possibilité pour chaque Etat d’ajuster ses objectifs

Les élus veulent mettre en place des mesures qui accélèrent l’autorisation de ces produits et facilitent leur vente dans l’Union européenne. Ils précisent en outre que chaque Etat membre pourrait cependant fixer ses propres objectifs en fonction de ses terres agricoles, de ses ventes annuelles de pesticides et du niveau de risque. Mais Bruxelles se réserve le droit de relever les objectifs nationaux s’il les trouve peu ambitieux.

Aux bénéfices de l’environnement et des agriculteurs

Sarah Wiener, la rapporteure du texte adopté mardi, a évoqué des « compromis réalisables » en parlant des mesures. L’écologiste autrichienne a attaqué le lobbying de l’agrochimie, qui aurait tout fait pour bloquer la législation. Aussi, elle a appelé les agriculteurs à plus de courage, alors que ces derniers s’inquiètent des répercussions sur leur rendement. Pour sa part, la socialiste belge Marie Arena estime que l’accord bénéficie autant à l’environnement qu’aux producteurs. Il protégerait leur santé et celle de la nature.

Un texte « déconnecté des réalités agricoles »

Au contraire, la Copa-Cogeca a dénoncé un texte « déconnecté des réalités agricoles » avec ses « objectifs irréalistes » et ses « solutions peu concrètes ». De son côté, le groupe PPE (droite) juge les réglementations environnementales de l’UE trop contraignantes. Il craint qu’elles ne provoquent une chute de la production et une hausse des importations agricoles. Ce qui mettrait gravement en danger l’indépendance et la sécurité alimentaire. Il critique également l’interdiction des pesticides dans les zones Natura-2000. Il pense que cela pourrait nuire à beaucoup d’exploitations.

Un vote en séance plénière en novembre

L’organisation Friends of the Earth exprime, elle, sa déception face à l’absence d’un indice permettant de mesurer correctement les progrès. En effet, les eurodéputés n’ont pas intégré l’indicateur-clé utilisé pour estimer la réduction des pesticides, dont le mode de calcul fait l’objet de vives critiques par les ONG. Friends of the Earth évoque toutefois « une lueur d’espoir » à travers le vote de mardi. A présent, le texte sera soumis à un vote en plénière en novembre, avant de futures négociations avec les Etats.

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