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En Côte d’Ivoire, le gouvernement Ouattara s’active pour redonner vie au couvert forestier

Environnement

Alors que le couvert forestier ivoirien disparaît à vitesse grand V, Alassane Ouattara et ses ministres sont décidés à inverser la tendance. 

Avec près de 170 000 hectares en moins chaque année, la Côte d’Ivoire a perdu l’équivalent de 80% de ses espaces verts depuis le début du XXe siècle. Le pays fait ainsi partie des pays africains enregistrant le taux de déforestation annuel le plus élevé. Et si rien n’est fait, la Côte d’Ivoire possédera moins de 2 millions d’hectares de forêts d’ici 2035 selon l’inventaire forestier et faunique national (IFFN). Décidées à stopper cette hémorragie verte, les autorités ivoiriennes se sont saisies de la question, comme l’a rappelé le président Alassane Ouattara lors de la 77e Assemblée Générale des Nations Unies le 21 septembre dernier : « mon pays (…) entend œuvrer à la protection de son patrimoine forestier et de sa riche biodiversité ».

Doubler le couvert forestier d’ici 2030

Pour lutter contre la déforestation qui sévit sur les territoires ivoiriens, Alassane Ouattara a annoncé vouloir doubler la surface du couvert forestier d’ici 2030, en passant de 10% à 20%. Une ambition qu’il a clairement affichée à la 15e Conférence des Parties de la Convention des Nations Unies pour la Lutte contre la Désertification (COP 15) en mai. A cette occasion, le président ivoirien a annoncé le lancement de « l’Initiative d’Abidjan », un plan gouvernemental dédié à la construction d’un environnement plus durable. Dans ce plan, de nombreuses mesures pour accélérer la reforestation, comme la restauration progressive des forêts classées, la soumission des coupes d’arbres au code forestier, l’interdiction de la coupe d’arbres au-delà de la huitième parallèle et la sanction des prélèvements d’arbres jugés illégaux.

Pour financer ce programme de reforestation, le gouvernement ivoirien peut compter sur la Banque africaine de développement (BAD) qui a annoncé un soutien de 500 millions de dollars et l’agence spécialisée de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui a quant à elle annoncé consacrer 20 millions de dollars pour appuyer le projet de la présidence. Cette grande confiance des partenaires internationaux s’explique par l’engagement de la Côte d’Ivoire, qui depuis 2019 lance des opérations de reboisement : “1 jour 1 million d’arbres” en 2019, “1 jour 5 millions d’arbres” en 2020 et “1 jour 50 millions d’arbres” en 2021. Une mobilisation constante du gouvernement qui semble porter ses fruits puisqu’en mai dernier le Premier ministre Patrick Achi annonçait la reforestation de 38 millions d’arbres en moins de trois ans.

La mobilisation accrue du secteur privé et de la jeunesse

Au-delà des pouvoirs publics, la reforestation du couvert forestier ivoirien mobilise également les entreprises du secteur privé. C’est notamment le cas de Deloitte Côte d’Ivoire, qui aux côtés de l’Institut national des administrateurs de Côte d’Ivoire (INADCI) a participé en juillet dernier à une opération de reboisement de 10 hectares de la forêt classée d’Audoin (Jacqueville). Une opération qui s’inscrit dans le cadre du plan vert, projet initié l’année dernière par le même INADCI pour encourager les entreprises à prendre part à la reforestation dans le cadre de leurs actions RSE. « À ce jour, une surface de 39,6 hectares de forêts a été reboisée avec l’appui de huit sociétés nationales et internationales et celui de plus de 400 bénévoles », précise le directeur exécutif de l’INADCI, Ted Azouma.

La reforestation est également un bon moyen pour éduquer les générations futures sur l’importance des espaces verts et transmettre les « valeurs de l’écologie afin de préserver la forêt », comme le rappelle Malick N’Diaye, Directeur général de BGFI Bank Côte d’Ivoire. Dans cette même optique, la Coalition des jeunes leaders ivoiriens a participé pour la sixième année consécutive à la plantation d’arbres à Doropo au Nord-Est du pays. Le but : contribuer à l’atténuation du changement climatique dans un pays, d’ores et déjà touché par la sécheresse et la désertification à 60% (90% dans le nord du pays). Un bouleversement climatique qui affecte les secteurs de l’agriculture et de l’agro-industrie et constitue un terreau fertile aux conflits intercommunautaires.

Changer les modes d’agriculture

Véritable menace pour les sols et les peuplements d’arbres, le réchauffement climatique complique le travail de la terre et menace l’activité de nombreux Ivoiriens. Principales sources de revenus pour 80% de la population active du pays, les exploitations de cacao, café, hévéas ou palmiers à huile sont impactées par les changements de température et de climat. Pour continuer de produire, les agriculteurs adoptent des méthodes destructrices : « Il s’agit d’une agriculture extensive, peu productive et très consommatrice de terres (…) Après le déboisement, les sols s’appauvrissent rapidement ce qui pousse les planteurs à investir sans cesse de nouvelles parcelles de forêts dont le sol est riche en humus » explique le Lieutenant-colonel et directeur du service des Eaux et Forêts, Boko Antchoro. Si cette exploitation des terres ivoiriennes n’est pas bénéfique à l’environnement, elle ne l’est pas non plus pour la population agricole ivoirienne. Pour adopter un fonctionnement plus durable, les pouvoirs publics ivoiriens entament la formation des agriculteurs à d’autres méthodes, comme l’agroforesterie.

Associer arbres, agriculture et parfois même animaux, voilà le pari de l’agroforesterie, une technique ancestrale aujourd’hui prisée pour son utilisation des ressources jugée plus stratégique. Et la réintroduction de cette technique semble cocher toutes les cases des objectifs de la présidence : éviter la disparition du couvert forestier ivoirien et inculquer des méthodes agricoles rentables et durables pour tous. En témoigne l’expérience de Mamadou Zela, propriétaire de champs qui a vu sa production passer de 6 000 à 8 000 tonnes de fèves de cacao et ses récoltes certifiées par un organisme international, lui assurant un meilleur prix de vente. Une méthode aussi bénéfique pour lutter contre le réchauffement climatique, grâce à la diversification des arbres : « Quand ils seront plus grands, ces arbres créeront de l’ombrage au cacao et retiendront les sols pendant la pluie », explique le cacaoculteur.

 

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