Taiwan : la Chine montre ses muscles

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En réaction à la visite de Nancy Pelosi à Taiwan, la Chine mène depuis jeudi des exercices militaires autour de l’île indépendante, qu’elle considère comme une partie de son territoire. Ce weekend, elle a simulé une attaque et effectué des exercices conjoints pratiques. Une démonstration de force qui inquiète la communauté internationale.

Des manœuvres jusqu’au 15 août 

Débutés jeudi, les exercices militaires de la Chine au large de Taiwan se sont poursuivis ce weekend. Le samedi, Pékin a effectué des manœuvres militaires avec 68 avions de chasse et 13 navires de guerre. Certains appareils ont franchi la ligne médiane du détroit séparant Taiwan de la Chine continentale.
Le dimanche, l’armée chinoise a également mené des exercices conjoints pratiques, à la fois en mer et dans l’espace aérien taiwanais.

Ces activités visaient à tester la puissance de feu chinoise ainsi que les capacités de frappe aérienne. Si ces vastes manœuvres ont pris officiellement fin ce jour, Pékin devrait mener de nouveaux exercices à tirs réels dans la mer Jaune, entre la Chine et la péninsule coréenne.

De l’inutile provocation de Nancy Pelosi

Ces actions ressemblent fortement à des essais avant une potentielle invasion. La Russie a procédé à peu près de la même façon avec l’Ukraine avant le 24 février dernier. La Chine dit agir ainsi en réponse à la visite controversée, mardi 2 août, de Nancy Pelosi à Taïwan. Au cours de son séjour, la présidente de la chambre des représentants des États Unis a rencontré la cheffe de l’île Tsai Ing-wen.

Elle a également parlé avec des parlementaires et des dissidents, notamment l’ex leader étudiant Tiananmen Wu’er Kaixi. Si la troisième personnalité politique américaine a pesé ses mots et soigneusement évité de s’attaquer à la doctrine « d’une seule Chine », elle a tout de même froissé Pékin, qui considère Taiwan comme une partie intégrante de son territoire.

Cette fois, Pékin ne rigole pas

Depuis plusieurs années, la Chine s’oppose avec véhémence à toute forme de reconnaissance de Taiwan. Ce territoire n’est reconnu comme indépendant que par 14 Etats au monde. Très peu. Il n’a d’ailleurs pratiquement pas d’ambassade.

La Chine a prévenue qu’elle « répliquerait avec vigueur » si l’armée taiwanaise ou l’un de ses alliés cherchait à perturber ses activités militaires. Pour montrer qu’il ne badinait pas cette fois, contrairement à la crise de 1995-1996, Pékin a suspendu sa coopération avec Washington sur plusieurs dossiers, dont celui du changement climatique.

Taiwan observe les gesticulations chinoises

Face aux velléités chinoises, l’armée taiwanaise joue pour l’instant la carte de l’observation. Une posture plus que raisonnable face à la puissance chinoise, dont on ne connait pas encore toute l’ampleur. Malgré tout, Taipei se prépare. Il aurait l’intention de s’inspirer de la résistance ukrainienne en misant sur les armes légères et moins chères qu’il installerait tout autour de l’île. Il pourrait aussi se tourner vers des drones au lieu d’avions de chasse, compte tenu du manque de pilotes. En outre, Taipei plancherait sur une armée de volontaires plutôt que de conscrits.

De nouveaux risques pour l’équilibre mondial

La montée des tensions entre la Chine et Taiwan suscite l’inquiétude de la communauté internationale. Les Etats Unis ont fustigé un « comportement irresponsable » de Pékin. Le Japon, lui, a dénoncé un « sérieux problème » qui affecte sa « souveraineté nationale ». Quant au secrétaire générale de l’ONU, Antonio Guterres, il a appelé au dialogue face aux risques qui pèsent sur l’équilibre mondial.

Le monde craint une déflagration et un conflit nucléaire avec l’implication des Etats Unis. Au mieux, il y aura une nouvelle perturbation des activités économiques. Ici en l’occurrence la production et l’approvisionnement en puces électroniques, spécialités de Taïwan.

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