Des camions dans une mine à ciel ouvert.

Terres rares : l’insatiable appétit de la Chine sur les aimants permanents avec China Rare Earth Group

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Depuis plusieurs années, la Chine règne en maitre absolu sur l’industrie des aimants permanents, avec 80% de la production mondiale. En décembre 2021, elle a fondé China Rare Earth Group, un mastodonte des terres rares, ces matériaux stratégiques qui composent à un tiers les aimants permanents. Objectif : engloutir tout le marché.

Les aimants permanents sont des matériaux magnétiques caractérisés par leur capacité à conserver la température d’utilisation de leur aimantation. Ils ont diverses applications dans des industries technologiques. Ces produits servent notamment à fabriquer des appareils électroniques (téléphones, magnétophones, spectrographes de masse, etc.), des dispositifs électrotechniques (générateurs électriques, alternateurs, électroménagers, etc.) et des équipements militaires (systèmes de radars, par exemple).

Des produits dépendants des terres rares

Les aimants permanents jouent ainsi un rôle capital pour les industries de pointe. Mais leur production reste relativement dépendante des terres rares. Ce terme recouvre un ensemble de 17 métaux, qui n’ont rien de vraiment rares car plus courants que bien d’autres éléments chimiques. Ils doivent plutôt leur nom à leurs propriétés exceptionnelles et hautement stratégiques pour le secteur technologique.

La production mondiale se concentre actuellement dans les mains de la Chine, qui a des moyens colossaux pour lever les difficultés d’extraction et de séparation. Il s’agit à la fois de procédés et techniques qualifiés ainsi que de gros investissements. L’empire du milieu représente actuellement à peu près 70% de la production mondiale, contre 90% au début du millénaire. Une fonte des parts qui inquiète au plus haut sommet de l’Etat.

Un groupe géré directement par le gouvernement

Pour retrouver son niveau, la Chine a créé en décembre 2021 le géant minier China Rare Earth Group grâce à la fusion de principales compagnies nationales de terres rares lourdes du sud du pays. Ce conglomérat pèse 62% de la production locale. Géré directement par le gouvernement, il doit permettre une stabilisation de la production et une revalorisation des prix, qui étaient jusque-là bas de gamme à cause de la forte concurrence des acteurs nationaux. China Rare Earth Group doit aussi aider Pékin à conquérir le marché des semi-conducteurs (dominé par Taïwan) et d’établir un monopole absolu sur le secteur des aimants permanents.

La transition énergétique dope la consommation

La conquête de ce dernier marché nécessite de gros financements. Or la fusion des principaux producteurs du sud permet la création d’un géant industriel et financier, en l’occurence China Rare Earth Group. Le mastodonte a le capital nécessaire pour booster ses activités d’extraction. Il profitera du vaste réseau de raffinage de produits bruts du pays, ainsi que des gros financements à la fois de l’Etat et des banques. De quoi rendre toute concurrence étrangère vaine, à moyen terme tout au moins.

Notons que la Chine pourra compter sur la hausse de la consommation de produits technologiques pour concrétiser sa domination totale sur les aimants permanents. En effet, la demande d’appareils électroniques et mobiles va considérablement croître dans les années à venir. Aussi, il y a aura un essor marqué des énergies renouvelables (éoliennes et solaires), grandes consommatrices d’aimants permanents.

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