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La crise sanitaire n’a pas eu la peau des centres-villes

Economie Société

La crise sanitaire n’a pas signé l’arrêt de mort des centres-villes. Leur dynamisme est porté par l’installation de commerces qui génèrent de l’attractivité, en particulier lorsqu’ils s’inscrivent dans la tendance du consommer local ou de la digitalisation de l’expérience client. 

En un an de contraintes liées à la situation sanitaire, les centres villes n’ont pas été épargnés. Pourtant, de confinements en couvre-feu, ils font preuve aujourd’hui d’une résilience étonnante. C’est ce que confirme un palmarès sur l’attractivité des centres-villes des communes de moins de 100 000 habitants, dévoilé par Villes de France et My Traffic, leader européen de l’analyse du flux piéton. En tête du classement, Villefranche-sur-Saône, au nord de Lyon. Viennent ensuite Chambéry et Pau. Dans ces trois villes, le dynamisme du centre-ville a permis de maintenir la fréquentation malgré la crise sanitaire. De l’avis de Julien Thooris, de chez My Traffic, « La résistance de ces communes à la crise s’explique par des années de politiques publiques menées par ces maires pour redynamiser leur ville, en travaillant à la fois sur l’aménagement du centre, les commerces, le logement, le stationnement ou encore les équipements publics, culturels et sportifs ». Un travail de longue haleine, dans un contexte plus global de « périphérisation du centre », pour reprendre les termes du maire de Villefranche sur Saône. Au sein de l’association d’élus des villes moyennes Villes de France, on se félicite du retour de ce dynamisme : « Après des décennies de difficultés structurelles, des maires ont su renverser la tendance et rendre leur centre-ville dynamique ». 

De nouveaux commerces dans les centre-villes

Plusieurs facteurs expliquent ce succès retrouvé des centres-villes. Pour Caroline Cayeux, présidente de Villes de France, c’est d’abord leur capacité à remplir plusieurs missions : « On y consomme, on y habite, on s’y promène, on s’y cultive, on y étudie, on accède aux services publics. » Mais c’est avant tout l’installation des commerçants au cœur du centre qui fait figure de moteur. Thomas Ravier, maire UDI de Villefranche sur Saône, voit dans ce classement « avant tout la victoire des commerçants ». Entre mars 2020 et janvier 2021, la principale artère commerçante de la ville, longue d’un kilomètre, a enregistré en moyenne 2,5 millions de passages par mois, soit 83% des flux observés avant la crise. Frédéric Meissat, gérant d’une boutique de vêtements, estime ainsi qu’ « on a une clientèle plus fidèle que dans les grandes villes où on se disperse surtout dans des grands centres commerciaux ». A Agen, ville également présente dans le classement, on insiste également sur le rôle joué par les commerçants : « Nous avons été dynamiques durant la crise, et aux côtés de nos commerçants locaux, en développant immédiatement après le premier confinement des opérations pour communiquer, rassurer et positiver autour du commerce. », rappelle le maire Jean Dionis. Exemple concret : la boutique Muy Mucho a ainsi accueilli des œuvres d’art, dans le cadre de l’opération « 1 artiste = 1 commerçant ». Le dynamisme n’échappe pas non plus aux villes de taille plus importante. Pour Maxence Hien et Baptiste Kornyeli, consultants chez le conseiller en immobilier d’entreprises Arthur Loyd, « le Vieux-Lille s’agrandit et peut attirer de nouvelles enseignes », à l’image de Sézane qui s’installe place Louise-de-Bettignies. Récemment, c’est aussi une boutique Hubside Store, spécialisée dans la vente de produits multimédias neufs et reconditionnés,  qui s’est installée en plein centre-ville de Lille. 

Des secteurs particulièrement porteurs

L’installation de quelques commerces ne suffit pas à elle seule pour dynamiser durablement un centre-ville. C’est en tout cas l’avis de Max Roustan, maire d’Alès, « Les commerces dans le cœur de la ville, c’est de l’emploi, mais c’est aussi de la qualité de vie. Les citoyens aiment leur centre-ville, mais il faut en assurer un bon accueil, une accessibilité, un bon aménagement, avec une cohérence dans les produits vendus ». La crise sanitaire a en effet révélé un certain nombre de tendances qui jouent un rôle important dans la résilience des villes. Certains secteurs sont ainsi plus propices que d’autres de favoriser l’attractivité des cœurs de villes qui les accueillent. Sur son site, la ville d’Agen évoque l’émergence d’un phénomène de « consommer local » que les municipalités ont soutenu. Une tendance adoptée par Alès, qui a créé dès avril 2020 une plateforme de vente en ligne 100% locale pour les commerçants alésiens, baptisée « AlèsOfCourses ». Autre secteur attractif pour les centres-villes : la digitalisation. L’essor du télétravail a ainsi donné de nouvelles perspectives à un certain nombre d’actifs qui réinvestissent les villes moyennes. A Châtellerault, l’enseigne Rep-86, magasin d’assistance et de réparation informatique s’est installée avenue Franklin Roosevelt. Quant à Hubside.Store, l’enseigne poursuit son développement : depuis mars, elle est aussi présente à Strasbourg : « il s’agit de notre deuxième ouverture en centre-ville, dans un quartier très dynamique qui plus est. Notre vocation et d’être présents à la fois dans les centres commerciaux et les centres-villes pour apporter un service de proximité au plus près des Français », expliquait Sadri Fegaier, PDG d’Hubside.Store. L’enseigne prévoit de nombreux recrutements d’ici la fin de l’année. De quoi favoriser davantage le dynamisme des centres-villes à l’heure de la relance. 

 

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