Blocage de la chaine RT par Facebook, une guerre froide numérique ?

Numérique

Depuis le 15 février, plusieurs pages Facebook de RT, chaîne de télévision financée par l’Etat russe sont inaccessibles et la chaîne accuse le réseau social de « censure ». Une accusation qui vient relancer le débat sur les fake news suite à la polémique autour de l’élection de Donald Trump et qui pourrait tendre un peu plus les relations entre Moscou et Washington.

Des pages bloquées sans explications

Plusieurs pages de la chaine RT ont été bloquées ce lundi, notamment celle du canal en anglais In the Now, spécialisé dans les vidéos virales. Sur son compte Twitter, la rédactrice en chef Margarita Simonian indique que la suppression a eu lieu sans aucune explication alors que les pages apportaient « 2,5 milliards de vues et 4 millions d’abonnés rien que sur Facebook ».

Le réseau social de son côté justifie le blocage en précisant que les pages en question n’indiquent pas qu’elles sont financées par le gouvernement russe et n’entrent ainsi pas dans le cadre de sa politique d’information aux utilisateurs de la plateforme sur les origines des contenus partagés.

Une guerre froide numérique ?

Du côté de RT, on souligne clairement le lien entre la décision de Facebook et la diffusion récente sur CNN d’un sujet indiquant que la Russie finançait le contenu de la chaine In the Now et en serait la cause. Une « censure » presque revendiquée par les journalistes de la chaîne qui semblent appuyer sur la dimension américaine de ces suppressions de page : Anissa Naouai, la fondatrice d’In the Now précise ainsi dans sa bio Twitter « censurée par Facebook via CNN ».

Le sujet pourrait ainsi devenir politique : le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a estimé que RT devait « recevoir une explication de la part de Facebook concernant la raison exacte » de ce blocage, soulignant que « de nombreuses grosses sociétés qui fournissent des services liés aux réseaux sociaux ou d’autres formats internet sont utilisés par les gouvernements de pays inamicaux en tant qu’outil de pression sur les médias russes ».

Manipulation de l’information ou liberté de la presse ?

En France, les députés surveillent également de près la chaîne RT ainsi que Sputnik, autre média russe. Ils ont voté en novembre dernier deux lois destinées à lutter contre la « manipulation de l’information » en période électorale créant une « une nouvelle voie de référé civil visant à faire cesser la diffusion de fausses informations durant les trois mois précédant un scrutin national ».

De son côté, RT France dénonce des pratiques de censure qu’ils jugent injustifiées et qui viseraient les médias alternatifs, de gauche comme de droite. En novembre dernier, le journal évoquait un lien entre les élections de mi-mandat américain (le 11 octobre 2018) et la suppression de 559 pages et 251 comptes par le réseau social.

L’évènement vient relancer le débat sur le rôle joué par Facebook dans la diffusion de fake-news et de son impact sur certaines élections au moment même où une commission parlementaire britannique publie un rapport à charge sur le rôle joué par Facebook dans le scandale Cambridge Analytica

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