Le gouvernement bégaye son écologie

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Depuis des semaines, le sujet de la hausse de la fiscalité des carburants occupe une partie de la place traditionnellement accordée à l’écologie dans les médias. Et pour cause, le gouvernement ne cesse de répéter que cette fiscalité doit permettre de financer son projet écologique. Qu’en est-il vraiment ?

En début de semaine, durant intervention au micro de RMC, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des finances, a précisé les attentes et les objectifs du gouvernement en termes de politique écologique. Il a assuré que ces hausses permettront de « financer toutes les mesures nouvelles » en faveur de la transition énergétique. Pourtant, selon les calculs du rapporteur général du Budget au Sénat, seuls 7.2 milliards d’euros sur les 38 collectés par la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Cette dernière doit ramener en 2019 plus que le budget total consacré au ministère de la Transition écologique et solidaire la même année. Ce budget, en hausse, est de 33.3 milliards d’euros. Dans la réalité, seuls 7.2 milliards d’euros (moins de 20%) seront dédiés à ce ministère. Le reste sera réparti entre infrastructures routières et ferroviaires (1,2 milliard d’euros, soit 3,2%), les collectivités locales (12,3 milliards d’euros, soit 32,6%) et le budget général de l’État (17 milliards d’euros, soit 45,1%).

Très engagé dans la mobilisation à venir du 17 novembre, le président de Debout la France, Nicolas Dupont Aignan, a déclaré : « c’est ça le pire, c’est qu’il ment aux Français, en faisant croire que c’est pour l’écologie, que c’est nécessaire, alors que c’est simplement pour faire les poches des Français ».

Autre point délicat à expliquer pour le gouvernement d’Edouard Philippe en matière d’écologie, sa politique en Guyane. Cette dernière est dominée par le projet de Montagne d’Or et les éventuels forages au large des côtes, deux projets aux allures peu « vertes ».

Alors qu’il était entrain d’expliquer en détail comment la hausse de la fiscalité des carburants allait participer à la transition écologique en France et accélérer l’emploi de véhicule électriques par les citoyens (« On ne suspend pas la transition écologique, la conversion du parc automobile français, qui est nécessaire »), son interlocuteur lui a demandé si les projets de forage de Total en Guyane allaient être suspendus. Le ministre lui a directement que « ce n’est pas ce qui est prévu », visiblement surpris par la question. Il a assuré que « sur le long terme, nous allons nous séparer des énergies possibles ».
L’ONG Greenpeace décrit les zones de forage comme proche « d’un écosystème unique et vulnérable, le Récif de l’Amazon ». Monsieur Bourdin a donc reposé sa question au ministre sous une autre forme : « Au large de la Guyane, près de massifs coralliens, on va aller forer ? ». La réponse du ministre a été significative : « je ne peux pas vous donner de réponse définitive ». Le politique écologiste du gouvernement serait-elle suspendue à Total promettant d’investir en Guyane en échange de la destruction de son écosystème ? La réponse doit arriver avant la fin du quinquennat.

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