Finance durable : six grandes banques françaises s’engagent

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En annonçant la fin du financement des activités liées aux hydrocarbures non conventionnels, BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole SA, Crédit Mutuel, Société Générale et La Banque Postale ont fait un pas de plus vers la finance durable. Bien que pionnières, les six plus grandes banques françaises suivent en réalité un mouvement de fond.

Lundi 18 octobre, les six plus importants établissements français se sont engagés à ne plus financer « les projets dédiés et les entreprises, dont la part d’hydrocarbures non conventionnels dans l’exploration et la production (pétrole et gaz de schiste, sables bitumineux) serait supérieure à 30 % de leur activité », et ce, dès janvier 2022. Auparavant, le secteur bancaire français avait déjà affiché sa modernité en prenant ses distances vis-à-vis du charbon si bien que fin 2020, les investissements dans ce secteur d’activité ne représentaient plus que 0,16 % du portefeuille corporate des banques françaises. Si la France peut se targuer d’être à la pointe en matière de finance durable, l’Hexagone ne peut prétendre en être le seul acteur, tant celle-ci constitue un mouvement de fond à l’échelle mondiale.

La conscience climatique, moteur de la finance durable

Tous les acteurs économiques s’accordent aujourd’hui sur la nécessité de réduire les émissions mondiales de CO2. Ainsi, la finance durable est désormais une véritable lame de fond puisque selon le rapport 2020 de la fondation américaine SIF, un dollar sur trois sous gestion professionnelle aux États-Unis – soit 17,1 trillions de dollars – est géré conformément aux paramètres de durabilité.

Celle-ci peut même être un gage de performance. D’après une étude de MSCI, un cabinet d’analyse financière américain, les entreprises ayant un score ESG (durabilité d’un investissement) élevé ont enregistré des coûts plus faibles que celles ayant un score ESG faible. Chez McKinsey, les experts sont plus catégoriques : ces derniers citent en effet plus de 2 000 études universitaires concluant que de meilleures notations ESG se traduisent par un coût du capital (coût de la totalité de l’argent emprunté et de tous ses capitaux propres) inférieur d’environ 10 %. Enfin, le cabinet de conseil relève que la conscience environnementale se popularise rapidement : parmi les 250 plus grandes entreprises mondiales, 96 % ont d’ores et déjà choisi de faire la promotion de leurs investissements en matière de développement durable.

Les bons élèves français

De leur côté, les six premiers établissements bancaires français « accélèrent dans le financement des énergies renouvelables, qui a atteint, en 2020, plus de 44,3 Md€, en augmentation de 68 % en 4 ans », afin d’être le plus rapidement possible en accord avec les objectifs de l’Accord de Paris de 2015, selon la FBF.

Raison pour laquelle elles multiplient les initiatives : en 2017, le Crédit Mutuel lançait ainsi INNOV & ETHIC, un fonds de Private Equity dédié à l’innovation et aux initiatives environnementales et sociétales. Plus récemment, c’est la fédération bretonne du Crédit Mutuel, Arkéa, qui, après un certain nombre de mésaventures liées à l’appétit démesuré de l’ancienne direction pour les Fintech, a décidé de renouer avec une logique plus concrète : la banque aujourd’hui présidée par Julien Carmona vient ainsi d’annoncer le déploiement « d’une méthodologie visant à mesurer sa performance en prenant en compte des critères environnementaux et sociétaux, en plus des habituels critères financiers ».

En septembre dernier, le Groupe BPCE est de son côté devenu le principal partenaire d’Energy Observer, le premier navire-hydrogène autonome, « plaidoyer et laboratoire de la transition écologique ». En 2019, la Société Générale annonçait quant à elle que ses investissements responsables permettraient à l’avenir de produire environ 44,6 GWh/an d’électricité à partir de l’énergie éolienne, évitant ainsi l’émission de 36 500 tCO2 chaque année. Enfin, avec une note de 87/100, la Banque Postale était, en janvier 2020, la première banque française et la sixième au niveau mondial dans le domaine, sur les 353 établissements évalués par l’agence Sustainalytics.

Autant d’initiatives venant appuyer les propos de Laurent Mignon, président de la commission climat de la FBF, concernant « la détermination des banques françaises d’être leaders d’une transition globale, durable et responsable », et pour le plus grand bonheur de la planète.

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