A la veille de la COP24, on parle beaucoup de l’impact des nouvelles technologies sur la planète. Le 10 octobre 2018, l’Unesco organisait ainsi un événement pour s’interroger sur « le rôle des TIC dans la réalisation des objectifs de développement durable ». Si les NTIC offrent de formidables opportunités, des ONG et des intellectuels nous mettent en garde contre la tentation de prendre les greentechs pour une solution miracle…
Les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) au service des Objectifs de Développement Durable (ODD)
Le 23 mai 2018, le président Emmanuel Macron organisait le sommet Tech For Good. A cette occasion les géants du numérique tels que Facebook et Google sont venus déjeuner à l’Elysée, confirmant par la même occasion qu’ils ont « sans doute un rôle à jouer dans le développement d’une technologie au service du bien commun ». Pour rappel, on compte aujourd’hui 17 Objectifs de Développement Durable (ou Sustainable Development Goals). Ceux-ci ont été adoptés par les Nations-Unies dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, le 21 Octobre 2015.
Dans l’optique d’approfondir les réflexions entamées lors du sommet TechForGood, l’Unesco, l’Académie SDG des Nations-Unies et le Centre régional d’études sur le développement de la société de l’information du Centre d’Information du réseau brésilien (NIC.br – Cetic.br) ont organisé un cours Tech for Good. A cette occasion, ils ont notamment dressé un état des lieux de l’impact des nouvelles technologies dans nos société modernes. Les participants ont ainsi pu découvrir « comment les technologies numériques permettent à des milliards des personnes du monde entier d’avoir accès à l’éducation, aux soins de santé, aux services bancaires et aux services gouvernementaux ».
Des greentechs au greenwashing : quelle place pour les terres rares ?
Seulement derrière cette promesse ambitieuse des technologies vertes, se cache aussi une réalité beaucoup moins rose, celle des terres rares. En effet, dans son livre La guerre des métaux rares, la face cachée de la transition énergétique et numérique, Guillaume Pitron s’interroge : « la production de ces métaux mobilise 7 à 8% de l’énergie mondiale. Qu’adviendra-t-il si ce ratio bondit pour atteindre 20, 30% voire davantage ? » Dans une interview, le polytechnicien Jean-Marc Jancovici résume la situation : « Jusqu’à maintenant notre activité économique repose sur des indicateurs qui ne tiennent pas compte de la diminution des stocks naturels de matières premières, pourtant indispensables à l’activité en question. Par exemple, pour que le PIB relatif aux objets en métal devienne nul, il suffit que nous n’ayons plus de minerai fer à extraire de terre, ou de métal à recycler ».
Économie : quand le salarié consomme des ressources pour créer de la croissance…
Pour rendre compte plus concrètement de notre dépendance aux matières premières, l’ONG WWF vient de s’associer au Club Green IT. Ces organisations ont cherché à quantifier l’empreinte numérique d’un salarié. Le 11 octobre 2018, elles ont effectivement publié une étude portant sur 24 grandes entreprises totalisant 775 000 utilisateurs, 3 millions d’équipements, et 55 000 m2 de salles informatiques. D’après leurs travaux, un travailleur salarié aurait besoin annuellement de 5 740 kWh d’énergie primaire, de 14 000 litres d’eau, tandis qu’il émettrait 800 kg de gaz à effet de serre et produirait 3 kg de déchets électroniques. Heureusement, toujours d’après leurs conclusions, il serait possible dès aujourd’hui de mettre en place des actions afin de réduire de 20% cette empreinte numérique…
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