Les prix à la pompe flambent un peu partout. En un an, le prix de l’essence a augmenté en France jusqu’à 1,50 euros le litre de sans plomb 95, soit une hausse de 7% en moyenne. Une augmentation de 6 centimes de plus pour le sans-plomb 98 est constatée. Le diesel, lui, est vendu en moyenne à 1,42 euros. Comment expliquer cette flambée des prix ?
Les cours du pétrole au plus haut depuis 2014
Si l’essence est aujourd’hui plus coûteuse qu’il y a quelques années, ce n’est pas sans raisons. En effet, les prix des barils de pétrole n’ont de cesse d’augmenter. Par conséquent, sans-plomb ou diesel suivent la tendance, à la hausse. Selon plusieurs rapports économiques, le baril de Brent a passé, la semaine dernière, le seuil symbolique des 80 dollars (un peu plus de 68 €) et, depuis, les prix restent proches des plus hauts niveaux atteints il y a trois ans et demi. Les automobilistes et autres consommateurs peuvent donc se poser la question suivante : cette tendance va-t-elle durer ? « Rien n’est moins sûr tant le niveau d’incertitude, lié à la situation géopolitique qui plane sur ce marché très politique, est grand. Pour l’instant, le marché indique plutôt une pression haussière qui s’explique par au moins quatre facteurs« , explique Francis Perrin, directeur de recherches à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).
« Au moins quatre facteurs explicatifs »
Pour Guy Maisonnier, ingénieur économiste à l’IFP Énergies nouvelles, la demande mondiale est une première explication de cette hausse. Elle devrait atteindre les 99 millions de barils par jour (Mbj) cette année, soit 1,5 Mbj de plus qu’en 2017. Par ailleurs, une explication serait à trouver du côté de l’accord passé entre les 14 pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) – Arabie saoudite en tête – et dix autres pays producteurs. La Russie en fait également partie. Cet accord, signé le 30 novembre 2016, vise à réduire leur production d’or noir, pour faire remonter des cours (de pétrole) déprimés et volatils depuis deux ans et demi.
« À cela, il faut ajouter les difficultés rencontrées par des pays comme le Nigeria ou la Libye qui ne parviennent pas à retrouver leur niveau de production d’antan, sans parler des inquiétudes suscitées par la baisse attendue de l’offre pétrolière du Venezuela et de l’Iran« , souligne Guy Maisonnier.
Plus récemment, la sortie des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire, décidée par Donald Trump, pèserait beaucoup. « Le retour des sanctions contre Téhéran » serait également un facteur aggravant. « Avec une production de 3,8 Mbj dont plus de la moitié est exportée, l’Iran était redevenu un acteur majeur. Les sanctions, applicables en novembre, vont forcément affaiblir sa capacité, même s’il est difficile de dire dans quelle proportion », indique Francis Perrin.
Le prix du baril de pétrole ne risque donc pas d’être revu à la baisse. Par conséquent, les consommateurs peuvent s’attendre à ce que le prix de l’essence reste lui aussi élevé.