Haut-Karabakh : l’épilogue du conflit ?

Géopolitique Une

A l’issue d’une offensive éclair dans le Haut-Karabakh cette semaine, l’Azerbaïdjan a obtenu la capitulation des séparatistes de ce territoire disputé à l’Arménie depuis un siècle. Cette victoire de Bakou sur Erevan pourrait complètement redessiner la géopolitique du Caucase du Sud.

Mardi 19 septembre, les forces armées de l’Azerbaïdjan ont lancé une offensive éclair sur les séparatistes arméniens de l’enclave du Haut-Karabakh. Les combats, achevés en vingt-quatre heures mercredi à la mi-journée, ont fait au moins 200 morts et 400 blessés côté arménien, et deux victimes côté azerbaïdjanais. L’Arménie a refusé cette fois d’envoyer des soldats dans la région pour défendre ce territoire qu’elle se dispute avec son voisin.

Des négociations pour la capitulation et le retrait des troupes

Faute de soutien militaire de la part d’Erevan et dépassés par la violence de l’assaut azéri, les autorités arméniennes séparatistes ont décidé de déposer les armes. Depuis vendredi, elles négocient leur capitulation et le retrait de leurs troupes, sous les auspices des 2000 soldats russes de la paix. Bakou dit avoir lancé son opération militaire en réponse à la mort de quatre policiers et de deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines près de deux villes sous son contrôle. Il accuse un groupe de saboteurs séparatistes arméniens d’avoir posé ces engins pour commettre un acte de terrorisme.

Bakou et Erevan revendiquent des liens historiques avec le Haut-Karabakh 

Les Azerbaïdjanais et les Arméniens du Haut-Karabakh ont engagé jeudi des pourparlers sur une réintégration de cette région dans l’Azerbaïdjan, le plus rapidement possible. Si cette réintégration avait lieu, elle signerait la fin d’un vieux conflit. En effet, l’Arménie (chrétienne) et l’Azerbaïdjan (musulmane) se disputent ce territoire depuis au moins le début du XXe siècle. Mais les prétentions remontent aux siècles précédents. Chaque pays revendique une présence millénaire et des liens historiques profonds avec cette terre peuplée à 99% d’Arméniens, mais située au cœur de l’Azerbaïdjan.

Deux guerres enregistrées en un siècle

Le Haut-Karabakh a déjà connu deux grandes guerres. La première a eu lieu entre 1988 à 1994. Elle fut sanctionnée par la victoire de l’Arménie. Mais le bilan fut lourd : 30 000 morts et des milliers de disparus. La seconde guerre a éclaté à l’automne 2020. Elle a fait 6 500 morts et s’est soldée par la victoire écrasante de l’Azerbaïdjan, qui a inversé le rapport de force grâce à l’appui de l’allié turc. Depuis fin 2022, Bakou impose un blocus sur l’enclave. Ce qui ne plait pas à Erevan et ses soutiens.

Un jeu d’alliance trouble dans la région

L’Arménie chrétienne a été longtemps soutenue par la Russie. Mais dernièrement, elle a pris parti pour l’Ukraine et s’est résolument tourné vers l’Occident. Elle en veut à Moscou de ne pas prendre clairement position pour elle dans le conflit qui l’oppose au voisin. Aujourd’hui, les principaux alliés d’Erevan sont la France et les Etats Unis, initiateurs du Groupe de Minsk. Quant à l’Azerbaïdjan, elle a le soutien indéfectible la Turquie, ennemi historique de l’Arménie. C’est justement l’aide militaire d’Istanbul qui a permis aux Azéris d’inverser le rapport de force.

Plus aucune garantie pour le soutien russe

La Russie, elle, ne semble pas vouloir prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Elle joue la neutralité, dans la droite ligne de son mandat de force d’interposition et de médiateur. Moscou préfère peut-être rester en de bons termes avec chaque pays, autrefois sous son influence à l’époque de l’URSS. D’ailleurs, le Kremlin n’a pas intérêt à ajouter à ses problèmes, après qu’un autre ancien satellite, l’Ukraine, a décidé de lui tourner le dos. De plus, le conflit ukrainien l’absorbe totalement, au point de n’être plus capable d’ouvrir un autre front. Notons aussi l’implication de l’Iran et d’Israël, naturellement proches de l’Azerbaïdjan, mais fondamentalement opposés entre eux.

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