Paris : la mairie plaide pour l’instauration d’un congé menstruel

Société Travail Une

La mairie de Paris a demandé dimanche à Élisabeth Borne d’autoriser l’instauration d’un congé menstruel en son sein. Elle souhaite que le gouvernement élabore au plus vite une réglementation pour une application de cette mesure dès 2023.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a adressé dimanche un courrier à la Première ministre Élisabeth Borne pour lui demander d’autoriser l’instauration d’un congé menstruel au sein de son équipe. Se faisant, elle s’inscrit dans les pas de la municipalité de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) qui propose, depuis fin mars dernier, deux jours de congés par mois à ses employées en cas de règles douloureuses.

Plus besoin de passer par un médecin

Antoine Guillou, adjoint à la maire de Paris en charge des ressources humaines, relève auprès du Parisien que le congé menstruel évitera aux femmes de recourir à un médecin et de subir des jours de carence. Aujourd’hui encore, une employée souffrant de règles douloureuses et/ou de l’endométriose doit passer par un arrêt maladie pour obtenir un congé. Ce qui lui fait perdre donc de l’argent à cause de ces jours de carence.

La loi Dussopt, en entrave juridique

Mais la demande d’Anne Hidalgo se heurte à une difficulté juridique. En effet, la loi Dussopt de 2019 retire aux collectivités locales la possibilité d’accorder de nouveaux congés, afin d’harmoniser la durée de travail dans la fonction publique. Un obstacle que n’ignore pas la maire de Paris. Ainsi, elle note que « dans la fonction publique, le cadre législatif et réglementaire semble sujet à des interprétations diverses en fonction des territoires et des employeurs ». Un cadre qui complique la mise en œuvre d’une telle mesure. L’édile demande donc au gouvernement de lui laisser la possibilité d’agir.

Paris doit montrer l’exemple

La mairie de Saint-Ouen, elle, n’a pas attendu l’autorisation de l’Etat pour imposer le congé menstruel en son sein. D’après elle, le cabinet de Stanislas Guérini, ministre de la Fonction publique, avait indiqué il y a quelques mois que la commune était dans son droit de prendre cette décision. Et Paris alors ? « Nous sommes la plus grande collectivité de France, donc notre action a forcément valeur d’exemplarité », revendique Antoine Guillou. Pour lui donc, un feu vert de l’Etat à la capitale fera avancer la question sur la scène nationale.

Anne Hidalgo demande plus

Dans son courrier à Elisabeth Borne, Anne Hidalgo souhaite également la mise en place d’un « congé fausse couche » d’ici la fin de l’année. Elle précise que ce congé pourrait bénéficier au partenaire « afin qu’il puisse accompagner la femme qui subit ces traumatismes physiques et psychologiques ». En outre, l’élue PS réclame l’allongement de la durée du congé pour deuil d’un proche, actuellement de trois jours. Selon Le Parisien, Matignon n’a pas encore répondu à sa lettre.

Une mesure qui n’existe que dans quelques pays

En France, le congé menstruel fait débat depuis plusieurs années. Certains pensent qu’il constitue un argument supplémentaire pour exclure les femmes ou les stigmatiser dans le monde du travail. Ils suggèrent de commencer par parler librement des règles en société, et cela dès l’école. Mais d’autres personnes estiment que cette mesure n’aura aucune incidence sur l’embauche, comme le congé maternité n’en a pas eu. Notons que le congé menstruel existe dans une poignée de pays dans le monde, dont l’Espagne, le Japon, la Corée du Sud et la Zambie. En France, une proposition de loi a été déposée au Sénat.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *