Siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort (Allemagne).

La BCE enjoint les banques d’intégrer les risques climatiques

Finance Une

 

La Banque centrale européenne (BCE) a mis en demeure mercredi les banques européennes d’intégrer le risque climatique d’ici fin 2024. Si elles ne le font pas, prévient l’institution, elles pourraient s’exposer à des mesures de contrainte.

Encore un long chemin à parcourir

Le mercredi 2 novembre, la Banque centrale européenne (BCE) a enjoint les banques européennes d’intégrer pleinement les risques climatiques dans leurs activités d’ici fin 2024. Si elles ne le font pas, elles pourraient s’exposer à de mesures contraignantes, avertit l’institution. Dans une note de blog, la BCE souligne qu’il reste encore à ces établissements un long chemin à parcourir avant qu’elles ne soient résistantes au changement climatique.

Plutôt cette année, un superviseur de l’organisme a passé en revue les méthodes de gouvernance et de gestion des risques climatiques de 186 banques de la zone euro. Il a constaté de timides améliorations, malgré la mise à disposition en 2020 d’un catalogue de recommandations. Ce qui relève d’un manque de volonté. Face à cette situation, la BCE a décidé de hausser le ton. Elle impose désormais un délai aux banques pour répondre aux attentes et fixe même le tempo…

Trois étapes à respecter

En effet, l’institution européenne a établi trois échéances à respecter scrupuleusement. D’abord, elle exige des banques d’évaluer complètement les risques climatiques et environnementaux pour leurs activités d’ici mars 2023. Ensuite, elle leur impose d’intégrer ces risques dans leur gouvernance, leur stratégie et leur gestion globale au plus tard fin 2023. Enfin, la BCE enjoint les établissements de répondre à toutes les attentes prudentielles formulées en 2020 d’ici fin 2024.

Frank Elderson, membre de droit du conseil de surveillance de la BCE, prévient que « les délais seront étroitement surveillés et, si nécessaire, des mesures d’application seront prises». S’il ne précise pas les voies et moyens de contraintes, le responsable pense qu’il faut passer à la vitesse supérieure. Cela d’autant qu’un test de résistance aux chocs climatiques publié cet été montre que 60% des banques n’ont pas de dispositif adéquat de gestion des risques climatiques subies par leurs clients.

Ne financer que ce qui fait avancer la transition 

Pour l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran, maître de conférence à Paris 1, l’approche de la BCE est trop partielle et ne permettra pas une réelle transition du secteur bancaire. Elle estime qu’il ne faudrait pas compter sur la discipline des banques pour obtenir une transparence et un engagement plus concret en faveur de la décarbonisation. Elle regrette que la BCE ne regarde que le risque financier, « alors que la finance pose aussi un problème pour le climat ».

Mme Couppey-Soubeyran souhaite que « les banques cessent de financer les activités qui dérèglent le climat et détruisent la biodiversité » pour n’investir que dans ce qui fait avancer la transition ». Elles devraient ainsi abandonner le financement de l’extraction des énergies fossiles comme le charbon et le pétrole. Par ailleurs, l’économiste appelle la BCE à les contraindre à enlever de leur bilan les actifs trop carbonés. Malheureusement, « on est encore très loin d’une politique monétaire et d’une régulation bancaire résolument vertes », déplore-t-elle.

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