Forêts en péril : la lutte contre les incendies s’intensifie face au changement climatique

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Alors que l’été s’est installé sur l’Hexagone, les forêts françaises font face à une menace grandissante : les incendies. Un phénomène exacerbé depuis plusieurs années par le dérèglement climatique, qui mobilise l’ensemble de la filière forêt-bois dans une course contre la montre pour préserver le patrimoine naturel français.

Les chiffres sont alarmants. Si en 2023, plus de 20 000 hectares de végétation ont été brûlés, cette année, ce sont déjà plus de 11 000 hectares qui ont été touchés par les incendies. Une situation qui ne devrait pas s’améliorer : les experts prévoient, en effet,  que d’ici 2040 des régions jusqu’alors épargnées, comme le Centre-Val de Loire, pourraient passer à un risque d’incendie « moyen » ou « fort« . Plus fréquents, les feux de forêt seront aussi plus forts. D’ici 2050, 10 mégafeux[1] pourraient avoir lieu en France selon les estimations de l’Inrae, alors que 7 mégafeux ont été recensés entre 2001 et 2020. Le constat est donc sans appel, et il faut agir.

Des conséquences dévastatrices

Au-delà de la destruction immédiate de la faune et de la flore, les incendies de forêt ont aussi des répercussions à long terme sur l’environnement et l’économie. La disparition d’arbres stockant depuis plusieurs années du CO2, associée à l’émanation de fumée font augmenter les émissions de CO2 dans l’air, aggravant ainsi le changement climatique. Un véritable cercle vicieux. Côté économie, la perte des bois calcinés et les coûts de la restauration de ces écosystèmes pèsent lourd sur les épaules des forestiers. En 2022, les coûts liés aux incendies de forêt en France ont été estimés à plusieurs milliards d’euros, et cette tendance pourrait se poursuivre.

La prévention par le débroussaillement, clé de voûte de la lutte

Face à cette menace croissante, la prévention s’impose comme la première ligne de défense. Le débroussaillement y joue un rôle crucial, en créant des zones tampons qui ralentissent la propagation des flammes. En 2024, la loi française a même été changée en faveur d’un renforcement des contrôles de débroussaillement pour s’assurer du respect de cette obligation, notamment dans les départements à risque.

Au-delà du terrain, la prévention en matière de feux de forêt passe aussi par la sensibilisation du grand public. Le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire a ainsi lancé, comme chaque année, une campagne nationale de prévention contre les feux de forêt et de végétation. Un mal nécessaire puisqu’aujourd’hui encore 9 feux sur 10 sont d’origine humaine, à l’image du récent incendie qui a détruit plus de 600 hectares de forêt à Vidauban, dans le Var, en juin dernier.

La surveillance des forêts en période estivale s’est, quant à elle, intensifiée. Dans le cadre du protocole Héphaïstos, mis en place depuis 1984, le ministère de l’Intérieur a annoncé en avril 2023 l’augmentation des moyens alloués à la surveillance aérienne, avec des avions spécialisés pour détecter les premiers départs de feu.

Une mobilisation sans précédent

En parallèle, les services d’incendie et de secours modernisent leur équipement. En Gironde, par exemple, de nouveaux camions-citernes ont été acquis pour améliorer la capacité d’intervention sur le terrain. La coordination entre les différents acteurs comme les pompiers et les forestiers s’est renforcée, permettant une réponse plus rapide et mieux organisée en cas de départ de feu.

Cette coordination renforcée s’est manifestée lors des incendies en Gironde. En juillet 2022, deux incendies majeurs se sont déclarés simultanément dans le massif des Landes de Gascogne, mobilisant environ 3 000 pompiers. Cette mobilisation massive a été possible grâce à une coordination efficace entre les services de secours locaux, les autorités régionales et les équipes internationales. Les pompiers ont ainsi travaillé en étroite collaboration avec les forestiers pour surveiller les zones à risque, utiliser des techniques de coupe-feu, et organiser des évacuations préventives, ce qui a permis de limiter les dégâts matériels et de protéger les populations locales.

Une responsabilité partagée

À l’heure où le changement climatique s’accélère, la sauvegarde de nos forêts s’impose comme un impératif. La mobilisation forestière et plus largement la mobilisation collective sont essentielles pour préserver ces sanctuaires de biodiversité. Entre prévention et action, chaque effort compte, car la beauté de nos paysages et la santé de notre planète dépendent de notre engagement à protéger ce patrimoine naturel.

 

[1] soit un incendie étendu sur une surface de plus de 10 000 hectares, comme les épisodes de 2022.

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