Née du bilan économique et écologique alarmant du tourisme hivernal, la transition touristique est aujourd’hui inévitable mais ce tournant décisif d’un tourisme réellement plus “vert” se confronte encore au poids du tourisme de masse.
Un peu d’histoire
Notre tourisme – notamment en ce qui concerne les sports d’hiver – repose sur un modèle datant du milieu du 20ème siècle, à l’époque où les congés payé, l’augmentation du niveau de vie et l’évolution des transports ont rendu possible l’émergence du tourisme de masse. Cela a entraîné la standardisation de l’offre, la banalisation des paysages, la spécialisation saisonnière, et tout cela ne correspond plus aux attentes actuelles en termes de loisirs, mais aussi d’écologie et d’économie.
En effet, ce modèle est synonyme de canons à neige (pour compenser les aléas climatiques), de surconsommation, de déplacements de masses, mais aussi d’abandon hors saison, et donc de pertes financières. C’est une vision du tourisme qui s’essouffle et les professionnels, doivent aujourd’hui réinventer ce secteur pour mieux répondre aux attentes des vacanciers et créer une véritable durabilité.
Faire cohabiter la masse et l’élite : le défi de la transition touristique
De plus, dans le même temps, nous avons vu apparaître une dualité entre deux types de tourisme : celui des masses et celui de l’élite. Au fil du temps, les plus privilégiés fuient les masses et trouvent de nouveaux “Eldorados” éloignés des foules. Toutefois, l’augmentation du niveau de vie et l’amélioration des conditions de travail dans de nombreux pays attirent les masses vers ces lieux encore préservés, créant ainsi des modes touristiques. Ce modèle éphémère, qui détruit l’environnement pour répondre à une croissance subite de la demande – qui s’effondrera sûrement lorsque les élites auront conquis de nouvelles destinations – ne fait que répandre le problème… et les nouvelles terres se font rares.
L’enjeu serait donc de faire cohabiter les masses et les élites, et de réinventer le tourisme territorial et saisonnier afin de répartir plus équitablement les revenus générés par le secteur, ainsi que le poids sur l’environnement. Mais il s’agit également de changer les mentalités pour écarter les vacances de la notion de consommation et les rapprocher d’une vision plus humaine du tourisme.
Développer les initiatives locales
Dans ce cadre, les financements, la formation et les connaissances techniques ont bien évidemment leur importance, mais c’est avant tout sur les initiatives locales que pourra se construire cette transition ; avoir le courage de “changer” pour mettre en valeur son territoire de manière différente ainsi que le potentiel inexploité d’une région n’est pas chose facile, mais les exemples se multiplient.
La demande s’est déjà grandement modifiée (pour ce qui est des pays développés) et écartée du modèle du tourisme de masse, et les professionnels du secteur commencent à prendre conscience de l’importance du changement. De plus, cette transition apporte à la fois des réponses économiques, écologiques et humaines salutaires et durables, et, si elle est bien accompagnée, elle pourrait constituer un véritable modèle de transition d’un secteur aujourd’hui en plein essoufflement.