Géopolitique

Espagne, retour de l’extrême-droite

2018 marquerait la fin du « particularisme » espagnol en ce qui concerne la présence de l’extrême-droite dans les institutions. Après la dictature de Franco qui dura de 1939 à 1975, l’Espagne faisait figure d’une exception en Europe (avec l’Irlande et le Portugal) marquée par l’inexistence d’une extrême-droite importante si ce n’est quelques nostalgiques du régime franquiste. Désormais, l’exception n’est plus. Les élections régionales en Andalousie ont vu l’entrée de Vox, une formation xénophobe, au parlement.

Le choc a été fort de l’autre côté des Pyrénées. D’un ton neutre mais surpris, le journal El Independiente, annonce ainsi la nouvelle à ses lecteurs : « Alors que notre Constitution vient d’avoir 40 ans, un parti ultranationaliste, centraliste, eurosceptique et anti-immigration a obtenu 12 sièges [et 11 % des voix] au Parlement de la région autonome la plus peuplée d’Espagne, bastion traditionnel des socialistes, l’Andalousie ». El Pais, plus grand quotidien du pays évoque « un tremblement de terre » qui « change le panorama politique national ».

Vox est apparu il y a peu dans le paysage politique national. En octobre l’organisation réussi un coup de force en remplissant une salle de 9000 places à Madrid pour présenter son programme « 100 mesures pour une Espagne vive ». Personne, expert ou sondage, ne lui prédisait plus de 6 ou 7 sièges. Une bonne partie doutant même de l’élection d’un seul député. Le discours anti-immigration, sexiste, anti avortement, anti catalan (les leaders catalans indépendantistes sont qualifiés de putschistes) a fonctionné bien au-delà des attentes des militants. Trois éléments qui se retrouvent dans le programme : fin des entrées migratoires en Espagne, fin de l’autonomie des régions sous prétexte d’économie, défense de l’unité de l’Espagne et abolition de la loi contre les violences faites aux Femmes.

Marine Le Pen et Donald Trump sont deux idoles de Vox. Dans une vidéo un peu kitsch, le leader de la formation montait à cheval sur le fond sonore d’une foule clamant « la Reconquista commencera sur les terres andalouses ». Santiago Abascal, le leader, est un ancien militant du Partido Popular, le PP, au Pays basque. Il a quitté cette organisation de droite car il la trouvait trop molle en ce qui concernait l’anti-terrorisme. Il compte bien siphonner les voix du PP, affirmant que les gens « sont fatigués du progressisme (…) et de l’absence de réaction des droites dans toute l’Europe ».

Cette arrivée en force au parlement bouleverse le paysage politique espagnol. De plus, aucune majorité ne se dégage au parlement andalou. Les socialistes du PSOE ne peuvent pas espérer une gestion avec PODEMOS, à quelques milliers de voix prés.

La rédaction

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