Alimentation

En avant vers une pénurie de fruits et de légumes ?

Et si demain manger cinq fruits et légumes par jours ne devenait possible qu’aux personnes les plus riches ? D’après une étude faite et publiée par l’université de Guelph au Canada, un risque plane sur le monde.

En 2017, l’agriculture planétaire produisait l’équivalent de 2.750 calories par jour et par individu qu’il faut ramener à 2.200 du fait de la perte et du gaspillage de 20% du total durant les transformations et les transports. Ces 2.200 calories sont suffisantes à nourrir les êtres humains (en misant sur une juste répartition sur la surface du globe).

Quel problème de manque à grande échelle ? Il résulte de la répartition, non pas géographique, mais de la production. L’agriculture mondiale produit l’équivalent de douze parts quotidiennes de céréales, cinq parts de fruits et légumes, quatre parts de sucre, trois parts d’huiles végétales et graisses, trois parts de protéines et une part de produits laitiers. Pourtant, les besoins alimentaires recommandés par l’université de Harvard sont eux de huit parts de céréales, quinze parts de fruits et légumes, zéro de sucre, une part d’huiles végétales et graisses, cinq parts de protéines et une part de produits laitiers. Il y a donc un important décalage.

La répartition des terres et leur utilisation en est en partie responsable. Les fruits et légumes qui devraient compter pour 50% de l’alimentation ne sont cultivés que sur 8.6% des terres exploités. A cela il faut ajouter que 40% de ces terres sont plantés de tubercules (pomme de terre, manioc par exemple) ce qui accentue le déséquilibre avec une part de féculent trop importante.

Krishna Bahadur KC, l’auteur principal de l’étude explique que « les aliments riches en carbohydrates, comme les céréales, sont relativement faciles à cultiver et nutritifs, ils ont donc été massivement encouragés pour atteindre l’indépendance alimentaire ». En France, un éleveur bovin touche en moyenne 46 000 euros d’aide, 34 000 pour un céréalier contre à peine 9.559 euros pour un maraîcher. A cela il faut rajouter le choix des laboratoires privés d’orienter leur recherche sur les céréales pour des questions d’intérêts financiers.

Cette nouvelle étude confirme le danger que représente une alimentation trop riche en viande pour la planète du fait de la surface nécessaire à la production d’un kilo de bœuf face à celle dont nécessite un kilo de carottes. Cependant, il ne faut pas penser qu’un changement tendant à nourrir la population de graines et de courgettes soit une solution. Les auteurs insistent : « l’élevage de bétail assure la survie de 987 millions de personnes dans le monde et beaucoup de terres utilisées par le pâturage ne sont pas susceptibles de servir à une production agricole »

 

Henri Sorenson

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