Finance

Moyens de paiement : le chèque condamné à disparaître

 

Le chèque a longtemps été le moyen de paiement préféré des Français, loin devant la carte bancaire. Aujourd’hui encore nous l’utilisons régulièrement, alors qu’il a pratiquement disparu en Europe. Mais progressivement, le chèque est délaissé au profit d’autres moyens de paiement plus modernes et sures. Sa mort paraît donc inexorable.

Alors que le chèque a disparu presque partout ailleurs, en France, il semble encore avoir de beaux jours devant lui. La preuve : 72% de l’ensemble des chèques émis en 2017 dans l’Union européenne l’ont été dans notre pays ! L’attachement des Français pour le chèque est d’abord culturel car il fait partie de nos habitudes depuis des décennies. Ensuite, il fait preuve d’une simplicité. L’on n’a pas besoin de retenir un code secret ou de demander un RIB pour payer par chèque. Il suffit de connaître le nom du bénéficiaire. En outre, il est gratuit, contrairement à la carte bancaire payante. Ce qui qu’en 2010 (derniers chiffres connus), 91% des clients bancaires en possédaient un !

Il coûte cher aux banques

Mais le chèque finira par disparaître de nos portefeuilles, comme ailleurs. D’abord parce qu’il coûte cher aux banques. Gratuit pour l’usager, le chèque génère des coûts importants, et en grande partie fixes. A cause notamment de la fabrication et de l’envoi des chéquiers, collecte, traitement, compensation, etc. En 2010, le CCSF (2) estimait son coût annuel pour le secteur bancaire entre 0,7 et 4 milliards d’euros annuels.

Le risque d’une fraude accru

Ensuite parce que le chèque est le moyen de paiement le plus facile à frauder », à cause de l’utilisation de chèques perdus ou volés, en forte augmentation en 2018, ainsi que la falsification de chèques régulièrement émis. Cette fragilité est renforcée par certaines habitudes des clients comme quand ils paient en plusieurs fois, en faisant plusieurs chèques avec des dates différentes ou pour des dépôts de garantie. « Dans les deux cas, le consommateur se sent protégé, ce qui est archi c’est faux », souligne Julien Lasalle, chef du service de surveillance des moyens de paiements scripturaux de la Banque de France.

Pas de possibilités d’être géré en temps réel

Le chèque doit en outre disparaître du fait de son anachronisme, dans un paysage de la banque en pleine révolution numérique. Aujourd’hui les banques proposent une aide à la gestion budgétaire. Soit la possibilité de fournir à leurs clients une vision claire et en temps réel de la situation de leur compte, pour éviter notamment les dépassements de découvert. Or le chèque présente des handicaps majeurs : un délai d’encaissement d’un an et 8 jours, l’absence d’informations liées à la transaction et sa propension à générer des incidents de paiements.

Les pouvoirs publics souhaitent s’en débarrasser

Enfin, relevons que les pouvoirs publics ne veulent vraiment plus du chèque. Pour eux, l’émission et l’encaissement des chèques représentent une charge financière dont ils pourraient faire l’économie. « Il n’y a pas d’ambiguïté : la stratégie de place, soutenue par les pouvoirs publics et la Banque de France, est bien d’accélérer la décroissance du chèque », confirme Julien Lasalle. Pour y parvenir, la stratégie nationale des paiements mise en œuvre depuis 2015 a fait le choix, plutôt que de prendre des mesures de restriction des usages, de faire la promotion des alternatives. Il s’agit des moyens de paiement SEPA (virement, prélèvement, paiement instantané). Les pouvoirs encouragent aussi les collectivités locales à accepter les paiements par carte bancaire, par exemple pour le règlement de la cantine des enfants ou les activités sportives et culturelles.

Henri Sorenson

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