Energie

La transition énergétique a besoin d’audace

Pour faire face et relever le défi de la transition énergétique, l’installation de moyens de production d’énergies renouvelables n’est pas suffisant. En effet, la question de la conservation de l’électricité produite doit être résolue. C’est ce qu’a réaffirmé le président Macron à l’occasion de son discours sur l’environnement en novembre 2018 : « Il est faux de dire aujourd’hui qu’on peut remplacer une capacité de production d’énergie nucléaire par une capacité de production renouvelable ; la seconde est intermittente. Par contre, si nous arrivons à innover suffisamment vite et à avoir des vraies technologies de stockage, nous pourrons substituer beaucoup plus vite l’une à l’autre ».

L’intermittence des panneaux solaires, qui ne produisent pas durant la nuit, et celle des éoliennes qui ont besoin de vent, constituent un frein au développement des énergies renouvelables. Ces dernières doivent représenter 32 % de la consommation énergétique en France d’ici à 2030 (contre 16 % en 2016), d’après la loi de transition de 2015. Actuellement, les batteries au lithium sont le principal moyen de stockage dont nous disposons. Cependant l’emploi de cette technologie est limité par son extraction polluante et onéreuse. L’an passé, 40 000 tonnes ont été prélevées. Du fait du nombre de plus en plus important de véhicules électriques, dans moins de 25 ans, il faudrait en augmenter de 300 à 700% les volumes d’extraction selon une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).

La diversification est une étape obligatoire de la transition énergétique. « L’avenir du stockage passera par un bouquet de technologies associées, et non par une unique solution miracle, explique Xavier Py, professeur à l’université de Perpignan et chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Cela permettra de s’adapter à des besoins de puissance ou de capacité très différents ».

Parmi ces technologies qui doivent être développées, l’une des plus innovantes est française. Le CNRS et l’université de Perpignan se sont associés et ont lancé il y a 11 ans un nouveau programme de recherche tourné sur les « céramiques recyclées ». Ces dernières sont fabriquées à partir de déchets industriels et sont capables de stocker de la chaleur à des températures très hautes, de 500 à 1000 degrés Celsius. Victorieuse, en 2014 et 2015, du Concours mondial de l’innovation, la start-up Eco-Tech Ceram, basée à Rivesaltes, près de Perpignan, a réalisé les premières unités industrielles de ce type. « C’est unique au monde ! explique, ravi, Xavier Py, l’un des initiateurs des recherches, et cela n’a pas vocation à fonctionner uniquement avec l’énergie solaire, cela devrait également se développer sur les “chaleurs fatales industrielles” (la chaleur non utilisée des usines) ».

Henri Sorenson

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