La croissance verte pourrait nuire à l’industrie européenne

Un nombre croissant d’entreprises se tourne vers un modèle business mêlant développement économique et projets écologiques. De nombreux spécialistes économiques prêchent en faveur de la croissance verte, une grande source d’emploi mais qui est pourrait bien être majoritairement favorable aux entreprises asiatiques.

Il y a quatre mois, en septembre, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publiait une étude expliquant que la transition énergétique pourrait être à l’origine de 900 000 emplois d’ici à 2050 en France métropolitaine. La nouvelle avait suscité une vague d’enthousiasme parmi les médias et une large part de la classe politique. Cependant, dans le courant de la fin d’année 2018, Patrick Artus, directeur des études de la banque Natixis prédisait une « transition énergétique douloureuse » pour les pays européens. Monsieur Artus évoque par exemple des « destructions d’emplois dans le secteur automobile ».

Alors qui dit vrai ? Les deux institutions sont réputées pour leur sérieux et pour leur méthodologie. L’Ademe base ses études sur les ambitions déclarés des grands pays industrialisés en matière de transition énergétique durant les grands évènements comme la Cop 21 parisienne de 2015. « L’Ademe commence donc par présupposer que l’on parviendra à tenir ces objectifs, or les premiers relevés montrent que nous ne sommes pas sur la trajectoire », explique Michel Didier, économiste, président de l’institut Rexecode.  L’Ademe semble également avoir minimisé les pertes d’emplois liées aux évolutions techniques et structurelles du secteur automobile.

L’exemple du diesel est édifiant. Les scandales à répétition et les politiques gouvernement en rapport avec ce carburant longtemps soutenu par les Etats ont finalement fortement entaché les chiffres des ventes des automobiles gazoles. En 2011 quand la fiscalité encourager encore les acheteurs à se tourner vers des diesels, 70% des immatriculations de véhicules neufs étaient des diesels. Le chiffre est tombé en dessous de 40% en 2018. Ces revirements politiques ont plombé l’industrie et détruits des milliers d’emplois. D’après une étude de l’Observatoire de la métallurgie, entre 10 et 15 000 postes du secteur pourraient disparaitre d’ici à 2030. Dans l’Aveyron, près de la ville de Rodez, l’été dernier a été marqué par une étroite collaboration entre la direction et les syndicats afin de maintenir les 1600 emplois, chose rare dans un secteur où la tradition est plutôt à l’affrontement sans détour.

Dorénavant, l’Ademe est revenu sur certaines de ses conclusions mais tente de mettre en avant d’autres résultats de ses enquêtes. « Evidemment que la filière va perdre des emplois, mais cela sera compensé en partie par la création de nouveaux métiers dans les services de mobilité », explique croire Arnaud Leroy, le président de l’Ademe.

Henri Sorenson

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