Travail

Droit à la déconnexion, un dispositif paradoxal ?

Face aux conséquences de l’ultra-connexion croissante des salariés et au débordement du monde du travail dans la sphère privée (épuisement, stress, burn-out…), les acteurs concernés réfléchissent depuis quelque temps à un mode de régulation. En parallèle des dispositions naturellement prises par certaines entreprises, l’article 55 de la loi du Travail a entériné un  « droit à la déconnexion » le 1er janvier 2017. Une disposition qui, après un an de recul, est controversée.

 

Obligation de négocier des dispositifs de régulation

En janvier 2017, la loi du Travail a inscrit dans son article 55 un « droit à la déconnexion ». Ce dernier prévoit l’obligation, pour les entreprises de plus de 50 salariés, de négocier avec les partenaires sociaux des « dispositifs de régulation » des outils numériques.

Si le dispositif permet de sanctionner les excès en cas de harcèlement par exemple, il reste particulièrement peu contraignant pour les entreprises. La seule obligation, négocier avec les syndicats. Une obligation qui se résume parfois à la rédaction d’une simple charte.

Un dispositif efficace ?

Si l’entrée dans la loi d’un « droit à la déconnexion » joue un rôle symbolique non négligeable, son efficacité auprès des salariés est loin d’être avérée. Selon un sondage mené en juillet dernier par l’IFOP, les cadres étaient encore 78% à consulter mails et SMS professionnels pendant leur temps libre.

Certains sociologues ont ainsi relevé les nombreuses impasses face auxquelles se heurte le dispositif : des secteurs où la connexion en décalé est nécessaire (notamment pour les entreprises en lien avec l’international), un sur-équipement des Français s’accompagnant d’une habitude de sur-connexion (à commencer par leurs usages privés) mais aussi de nouveaux modes de travail qui s’appuient souvent sur une connexion décalée (travail à distance notamment). Autrement dit, la loi est d’autant plus difficile à mettre en place qu’une partie des salariés sont des acteurs volontaires de leur sur-connexion.

Au final, l’imposition de dispositions trop strictes de régulation pourrait avoir l’effet inverse du résultat espéré. La reconnexion soudaine le lundi matin, après une « cure de déconnexion » le week-end amènerait ainsi des pics de stress chaque semaine.

Ces dispositions, lorsqu’elles sont strictes, viennent également paradoxalement renforcer une vision présentéiste du travail, à l’encontre de la flexibilité demandée par de plus en plus de salariés. Plus qu’une déconnexion imposée, les spécialistes pensent qu’il faudra un réel changement de culture visant à remettre en cause l’urgence de la réponse et la surcharge de travail…

La rédaction

Recent Posts

Energie solaire : pourquoi la Grèce est si attractive ?

Un ensoleillement exceptionnel et un cadre réglementaire favorable font de la Grèce un terrain fertile…

6 jours ago

Le stress : ennemi de la santé

Compagnon inévitable de la vie moderne, le stress est souvent sous-estimé quant à son impact…

6 jours ago

François-Xavier Bellamy veut couper les financements publics de Sciences Po

Des étudiants pro-Palestine avaient bloqué Science Po vendredi dernier afin de demander à la direction…

7 jours ago

Le télétravail : une révolution en marche ?

Le télétravail, longtemps considéré comme une pratique marginale, a connu un essor fulgurant ces dernières…

2 semaines ago

La prochaine épidémie sera une grippe (enquête internationale)

Selon une enquête internationale menée par des scientifiques, la prochaine épidémie planétaire pourrait être une…

2 semaines ago

La filière Forêt-Bois amorce sa transition écologique

La filière Forêt-Bois a présenté jeudi sa nouvelle démarche d’utilité sociétale. Justement baptisée « Utile par…

2 semaines ago